Ce groupe, composé, outre C. Neveu, de Kathleen Coll (anthropologue, Stanford University), Evelina Dagnino (politiste, Université de Campinas, Brésil) et John Clarke (Cultural Studies, Open University, Grande-Bretagne), part de l’hypothèse que la citoyenneté est plus un processus qu’un simple statut, et qu’elle est constamment redéfinie et reformulée à travers une multitude d’interactions entre l’Etat et la société, et au sein de la société elle-même.
Il envisage d’explorer les multiples connexions et disjonctions entre définitions légales et sociales de la citoyenneté, en s’appuyant sur des recherches menées au Brésil, en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Dans un premier temps, il clarifiera les modalités de construction des définitions légales de la citoyenneté dans ces sociétés, en prenant également en considération les représentations dominantes quant à ce qu’un citoyen doit être ou faire, afin de les comparer aux pratiques et aux représentations sociales existantes. Le groupe explorera alors plus précisément les « échelles de la citoyenneté » en analysant comment celle-ci est constituée à différentes échelles, dans quelle mesure ces échelles sont considérées comme pertinentes pour exercer et définir la citoyenneté, et les conditions auxquelles des pratiques localisées peuvent être analysées sous le registre de la citoyenneté. Celle-ci, comme d’autres catégories (« usagers », « habitants », « étrangers », « (im)migrants » ou « les pauvres »), sera également considérée comme une de ces « sémantiques institutionnelles » (Abélès, 1999), de ces « mots-clés » (Williams, 1988), qui, par de complexes processus d’évolution et de circulation, accumulent des significations et délimitent des modèles de compréhension, et le cas échéant de transformation, de la société. Loin d’être purement descriptives, ces catégorisations portent des « projets politiques » (Dagnino, 2007), des visions différentes du rôle et de la place des groupes et des individus dans la société, de leurs relations avec l’Etat et de leur espace politique. Une telle approche en termes d’échelles et de catégorisations devrait alors permettre de saisir la diversité de ces « projets politiques » ; en incluant d’éventuelles catégorisations alternatives, c’est la « fabrique » même (BénéÏ, 2005) de la citoyenneté et des citoyens qui pourra être plus précisément analysée.
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