Jeudi 11 juin 2009
Salle des Lombards - 96, bd. Raspail - 75006 Paris
Renseignements : Tobias Girard tobiasgirard@yahoo.fr
La journée a articulé huit interventions de doctorants en anthropologie autour d’une même volonté : rendre compte de la force des émotions et des relations de pouvoir auxquelles elles se prêtent. L’objectif de la journée a été de débattre de la question suivante : comment les émotions sont-elles utilisées, formées et canalisées par le pouvoir, contre le pouvoir, mais aussi pour le pouvoir qu’elles portent en elles ?
Nous avons parlé de peur et de colère, de honte et d’honneur, mais aussi de plaisanteries et d’amour. Nous avons évoqué des situations de terrain allant du Mexique jusqu’au Mali en passant par Haïti, Malte, la France et l’Ethiopie. De cette diversité se dégagent trois lignes de forces qui nous ont servi de fils d’Ariane pour nous guider dans le labyrinthe des politiques du sensible. Si les émotions prennent la forme des pratiques auxquelles elles se livrent, le sensible devient tantôt la marque du pouvoir, son arme et son miroir.
Une marque, quand les émotions sont le corps sur lequel joue tout pouvoir pour venir poser sa signature, marquer son emprise au fer rouge comme sur le corps des forçats, identifier sa propriété comme sur les troupeaux de moutons, ou se faire valoir comme sur les publicités. Les émotions constituent le fil de nos identités et le pouvoir joue sur elles pour faire de nous des sujets. Comment les émotions sont-elles captées et manipulées pour marquer les identités et forger les idéologies ? Ce sera le thème de la matinée.
Une arme, quand les émotions deviennent l’instrument de la prise de pouvoir et peuvent être retourné contre lui. Elles deviennent des forces de mobilisation. Elles entretiennent les luttes et forment un rouage essentiel des conflits. Comment les émotions sont-elles mobilisées dans les conflits et à quelles fins politiques ? Ce deuxième thème ouvrira l’après-midi.
Un miroir enfin, quand les émotions renvoient au chercheur qui s’y intéresse l’image de ses propres doutes et sensibilités. Un chercheur tour à tour manipulé et manipulateur qui se demande comment distinguer ses émotions de celles qu’il étudie. Quelles questions posent aux chercheurs les « terrains sensibles » ? Et quand l’anthropologie se revendique comme une « science sensible », à quelles politiques du terrain donne-t-elle lieu ?
Pour nous aider à ouvrir le débat avec la salle, les interventions ont été discutées par des chercheurs et des professionnels du terrain qui représentent toute la diversité et la richesse des sciences humaines : sciences politiques, histoire, psychologie, sociologie et anthropologie.
Programme
9h - Accueil des participants et introduction
9 h 10 - 10 h : Emotions et émotionnalité en anthropologie, Morgane Govoreanu.
Discutante : Sophie Wahnich, historienne, chargée de recherche au CNRS (LAIOS)
Emotions, identité et idéologies
10 h 10 - 11 h 10 : « C’est une toute petite chose, ça ne vaut pas la peine d’en parler » : histoire d’honneur, honte de l’histoire, Virginia Monteforte
11h10-11h20 Pause
11 h 40 - 12h : L’amour du violon, Alvin Panjeta
Discutants : Xavier Crettiez, professeur de sciences politiques à l’Université Versailles Saint Quentin en Yvelines (CARPO) et Antoine Hennion, sociologue, professeur à l’Ecole des Mines des Paris.
12 h 30 - 13 h 30 : Déjeuner pique-nique collectif
Emotions, conflits et mobilisation
13 h 30 - 14 h 20 : Politiques de la peur en zone industrielle, Tobias Girard
14 h 20 - 15 h 10 : L’émotion rituelle dans le mouvement des chômeurs en France, Seung Yeon Kim
Discutant : Christophe Traïni, maître de conférences à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en- Provence.
15 h 10 - 15 h 20 : Pause
Terrains sensibles
15 h 20 - 16 h 10 : Sorcellerie et violence globale,Nadège Chell
16 h 10 - 17 h : Terrain sensible/terre insensible ? Acteurs humanitaires et sciences humaines, Jade Legrand
Discutants : Michel Agier, anthropologue, directeur de recherche (EHESS et IRD), directeur du Centre d’Etudes Africaines et Cyril Cosar, psychologue référent de l’association Action Contre la Faim.