DOMAINE 1 — ENJEUX DE POUVOIR DANS LA GLOBALISATION.
Les chercheurs explorent les enjeux autour desquels se confrontent le monde des institutions et les acteurs, sujets sociaux et politiques, et analysent les technologies de pouvoir à travers lesquelles ils prennent place dans la gouvernance globale. A l’articulation du global et du local, les recompositions du politique et les décisions qu’elles suscitent sont liées, par exemple, aux nouveaux mécanismes d’appropriation des terres, des matières premières et des savoirs, aux déplacements des personnes et à la circulation des savoirs. L’équipe s’efforce de combiner trois niveaux d’analyse : la gouvernementalité produite « d’en haut » ; les formes de subjectivations politiques qui émergent « d’en bas » ; et les objets, techniques, savoirs et discours qui opèrent la médiation entre les niveaux. Cette approche conduit à dépasser le paradigme de l’opposition global / local ou haut / bas, tout en identifiant les contextes de déplacement du politique et en mobilisant la notion d’échelle, afin de rendre compte du rapport entre les niveaux ainsi que des modalités de circulation. Les approches portent sur des objets présents sur la scène publique ou au sein de la communauté scientifique ; ainsi, par exemple, les questions de bioéthique, de contrôle des politiques de la reproduction et du débat sur le statut de l’embryon ; les questions de sécurité alimentaire qui montrent les contradictions entre une industrie et une politique humaine de la nature ; les études, au niveau micro, de la manière dont les crises globalisées se répercutent dans les sociétés et contribuent à reconfigurer les espaces politiques.
Thème 1 - Technologie du pouvoir, appropriation et gouvernementalité
Cette ligne de recherche s’intéresse aux régimes de gouvernementalité qui prennent forme avec la globalisation. Celle-ci provoque un déplacement du politique vers des nouveaux espaces tels que les institutions internationales ou des acteurs globaux privés, qui mettent en question la place et le rôle de l’Etat. Elle induit une transformation qualitative des formes d’exercice du pouvoir, comme l’observe Marc Abélès dans ses travaux. Les normes, discours et pratiques de gouvernance internationale transforment les corps et les environnements naturels, les systèmes symboliques et les paysages ainsi que les relations sociales et les rapports au monde, sur lesquels réfléchit Jackie Assayag. Différentes logiques se croisent dans les arènes globales qui tentent d’imposer leurs régimes de rationalité, transforment l’organisation des pouvoirs locaux, étatiques et/ou supranationaux, modifient la conduite des acteurs sociaux, stimulent la coopération entre acteurs publics, privés, associatifs, ce que Bernard Kalaora étudie plus particulièrement. Par une approche de la matérialité des actes (les manières de gouverner la conduite des personnes et des institutions), des « ensembles pratiques », des techniques de gouvernement, les chercheurs analysent les nouvelles formes d’exploitation des personnes et de leurs environnements, la marchandisation du corps et du vivant, les redéfinitions du rapport public / privé. L’apport de l’anthropologie et l’accent placé par le LAIOS, depuis sa fondation, sur l’étude des organisations sociales, politiques, nationales ou internationales, est précieux pour comprendre l’impact des formes contemporaines de gouvernementalité. Par exemple : les débats autour de la dignité de la personne au sein des comités de bioéthique, religieux, nationaux ou onusiens, qu’étudie Enric Porquéres i Gené permettent de penser les gestions symboliques de la personne en rapport à ce que donne à voir l’ethnologie des représentations et des pratiques associées à l’embryogenèse dans les différentes cultures. Dans un autre champ, le débat sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la mise en œuvre des normes internationales à partir de l’ONU, sur lesquels travaille Irène Bellier, induisent une réflexion sur les techniques, les cultures politiques et les compromis qui gouvernent le destin des ensembles se revendiquant comme peuples autochtones. Cela suscite des confrontations dans le monde académique sur le sens de ce droit dans les sociétés et les cultures concernées. On voit aussi, comme le montre Birgit Müller, que les controverses autour des futures pratiques agricoles menées au niveau global influencent le choix du type de semences que l’agriculteur met en terre, avec un ensemble de conséquences sur la production alimentaire et les rapports d’exploitation. A mesure de leur approfondissement, ces travaux empiriques ne sont pas sans implication au plan conceptuel. Parler de "gouvernementalité", décrire des "bureaucraties" pour ne prendre que deux notions devenue en apparence anodines demande une problématisation du rapport entre ce qu’on a coutume de subsumer sous le concept d’Etat et des formes de pouvoir émergentes qui aujourd’hui polarisent notre intérêt. Il y a donc un travail conceptuel méta-disciplinaire à engager qui implique un redéploiement de l’anthropologie du politique et des institutions, et qui s’inscrira comme la trame indispensable des avancées produites par le travail de terrain.
Chercheurs titulaires : M. Abélès, J. Assayag, I. Bellier, B. Müller, E. Porquéres i Géné ; chercheurs associés : A. Bilbao, B. Kalaora Opérations : Réseau « Anthropology of International governance », B. Muller, I. Bellier - EASA ; projet ECOS-SUD, U. Santiago du Chile/EHESS, E. Porquéres i Gené et A. Bilbao. ; Recherche et assistance aux projets, à la formation, aux stratégies marines et maritimes au sein de Littocean – B. Kalaora.
Atelier 1 - Politiques et poétiques du vivant
L’un des enjeux du monde contemporain est la transformation du rapport à la vie. Au carrefour des sciences de la vie, de la nature et de la société, l’avancée des technologies et les échanges entre des groupes culturellement distincts repoussent les frontières des ontologies et déplacent les cosmovisions. Cet atelier vise à explorer dans une perspective anthropologique, et sur la base de recherches en cours, de quelle manière les politiques de régulation et d’appropriation des semences, des embryons et de la biodiversité transforment le rapport des hommes à la vie. Si l’on examine l’impact des régulations de la reproduction artificielle sur les conception de la parenté et de la personne, par exemple à travers un exercice comparatif mettant en relation la gestion biotechnologique des embryons propre aux sociétés occidentales contemporaines et d’autres modèles embryologiques, nous pouvons questionner les parallélismes établis entre les discours sur les origines de la vie humaine et les récits culturellement situés décrivant l’évolution de l’embryon. Si l’on se penche à nouveaux frais sur les relations des agriculteurs aux plantes, c’est parce que l’on observe une modification très problématique des rapports hommes / nature dans le cadre de nouvelles formes de réglementation de la propriété qui confèrent, par exemple, la propriété intellectuelle d’un organisme vivant à une entreprise multinationale. Alimenté par les recherches sur l’embryon et sur la semence, cet atelier ouvert à d’autres recherches sur la thématique du vivant, telles qu’elles sont développées dans l’axe 3, portera une attention particulière aux mises en récit de gestes et de processus qui caractérisent la transformation du rapport à la vie (contrôlée, objet de nouvelles formes d’appropriation, marchandisée, etc.), ainsi qu’aux tensions entre politiques et pratiques des acteurs aux intérêts très différenciés. L’enjeu sera de qualifier la relation que nous voyons se dessiner entre les trois pôles distincts de la gouvernance, de l’affect, et du sensoriel. Cet atelier prendra la forme d’une rencontre régulière suivie d’une journée d’étude.
Thème 2 - Les subjectivités politiques dans la globalisation : agency, résistances et mobilisations
L’approche de la gouvernementalité, qui renvoie aux débats, techniques, processus et institutions de la première thématique est complétée par l’analyse en contrepoint des subjectivités politiques qui se forment et émergent « par le bas ». Il s’agit de saisir et d’analyser les conséquences, les impacts, les réactions suscités par l’exercice du pouvoir dans la globalisation sur les sujets (- personnes et groupes sociaux) : leurs perceptions du risque et du danger, leurs tactiques de survie et leur agency, ainsi que leurs mobilisations politiques lorsqu’elles se produisent. Cependant, dans l’étude des subjectivités politiques, entendues non seulement comme simple réaction au pouvoir, mais également comme produit d’autonomie, comme créativité et innovation culturelle, sociale et politique, il s’agit de comprendre comment la gouvernance internationale est perçue, vécue et interprétée localement, et comment se créent des espaces de possibilité pour l’émergence de nouvelles formes de mobilisation politique. Gérard Collomb explore ces dimensions à partir des enjeux politiques des mises en patrimoines en Guyane (en connexion avec certains travaux de l’axe 2. B/). Hosham Dawod les aborde dans le monde arabe autour d’une anthropologie du pétrole et de l’étude des formes contemporaines de la tribalisation. Il s’agit aussi de comprendre aussi comment, de la rencontre des personnes et des idées, surgissent de nouvelles formes d’expression collective. Jean François Gossiaux poursuit dans cette direction ses recherches sur la notion de contemporanéité et sur la pénétration des religions occidentales en Corée. Riccardo Ciavolella s’interroge, lui, sur les coping strategies des sociétés rurales du Sud (par ex. les pasteurs nomades) face aux changements environnementaux ou aux fluctuations des prix des denrées alimentaires, c’est-à-dire face à des dynamiques qui se développent à une échelle globale, mais qui ont des impacts concrets et locaux Comment peuvent-ils faire face aux logiques d’accaparement de leurs terres ? Quels sont leurs imaginaires, leurs représentations de ces dynamiques « glocales », et quelle forme culturelle mobilisent-ils pour donner sens aux crises et aux changements induits par la globalisation ? Autant d’interrogations qui font écho aux thématiques développées dans l’axe 3. Les mêmes questions se posent lors de l’arrivée du tourisme dans ces espaces qu’étudie Saskia Cousin, avec, d’un côté des logiques foncières et immobilières liées à des marchés globaux, et, de l’autre, des doctrines, des discours, parfois des pratiques, visant à produire des outils de résistance à ces mêmes logiques. Quels imaginaires, quelles appropriations sont alors possibles, et pour qui ? En lien avec ces questions, Véronique Bénéï conduit une recherche sur les formes contemporaines et anciennes de l’esclavage et, plus largement développe une anthropologie de la violence protéiforme, que celle-ci s’intéresse aux expériences de migration forcée comme aux processus d’oubli et de remémoration à l’œuvre, ainsi qu’aux formes résurgentes et aux reconfigurations actuelles de formes de dépendance socio-économique.
Chercheurs titulaires : V. Bénéï, R. Ciavolella, G. Collomb, H. Dawod, J.-F. Gossiaux, B. Müller : Associé : S. Cousin Opérations : ANR ESCAPE : Environmental and social change in Africa : past, present and future, partenaires CNRS, IRD, OMP, LPED, GET, LOCEAN, CIRAD – R. Ciavolella, 2012-2015 ; ANR FABRIQ’AM – EREA, MASCIPO, LAIOS, axe La ‘fabrique des patrimoines’ – constructions sociales, usages politiques – G. Collomb, 2013-2015 ; programme pilote régional « Politiques publiques, sociétés et mondialisation en Afrique subsaharienne », IRD, CEAf, CEPED - Axe politiques publiques culturelles et touristiques, S.Cousin ; Cycles de conférences FMSH, IFPO organisé par H. Dawod ; Colloques prévus en 2015 et 2016 : « Violences, espace public et discours académique 1 & 2 », V. Bénéï.
Thème 3 - Circulation-médiation : discours, objets et acteurs
Les chercheurs se préoccupent ici de dépasser la dialectique gouvernementalité / subjectivation. Ils s’intéressent à la manière dont les discours, les objets et les acteurs circulent, et ainsi opèrent des médiations entre les différents niveaux. Pour ce qui est des discours, ils prolongent l’analyse des sémantiques institutionnelles sur une base comparative, en se centrant sur les mots du (ou de) pouvoir, sur les discours du droit, du risque, de la crise, du dépaysement, de l’exotisme en les confrontant aux discours vernaculaires, sur le bonheur, l’utilité, le bien vivre, la personne, l’étranger. Les transformations politiques sont aussi associées au déploiement de nouveaux rapports aux objets - dont en particulier les attributions concurrentielles de valeurs, anciennes ou inédites - qui opèrent une médiation entre les sujets, en réarticulant leurs relations sociales et leurs rapports instrumentaux, pratiques et symboliques au monde. Les chercheurs s’intéressent alors à la manière dont des objets matériels et symboliques circulent dans les espaces physiques et des représentations, et comment ils deviennent matière à gouverner ou expriment des rapports de pouvoir. Quelle que soit la définition donnée au processus de mondialisation en cours, dont l’un des objectif est la fabrication d’une « société de marché », ses modalités concrètes sont un mouvement d’idées, de personnes et de techniques, pris en charge par des institutions plus ou moins pérennes. La nouvelle civilité induite par la globalisation se manifeste dans les rapports aux objets et aux entités symboliques en tant que modalités quotidiennes de la mondialisation du local, qui façonne des liens, détermine des distances et définit le statut des éléments impliqués. Les modes de circulation et de réception des objets techniques semblent une bonne entrée pour observer la construction culturelle comme la somme des interactions individuelles, des oppositions cristallisées des systèmes symboliques sur un objet. Ces objets usuels sont à la fois l’expression de savoirs « incorporés », réifiés, mais aussi l’actualisation constante de codes culturels par les manipulations qu’ils autorisent, interdisent ou provoquent. Loin d’être l’expression marginale d’un tourbillon général, l’usage de l’électroménager, des smartphones, des véhicules, des vêtements et des habitations sont les signes d’une configuration sociale en permanente reformation. Comme l’analyse Jean-Bernard Ouedraogo, le rapport mobile de la concurrence des valeurs invite à s’éloigner de l’approche « culturaliste », pour voir dans le monde sensible de l’action l’expression des intentions sociales et des rapports sociaux qui s’y affrontent. Segmentés, mis en signes, les discours et les objets produisent de la gouvernementalité, en étant propulsés dans la vie quotidienne des personnes par différentes voies bureaucratiques et législatives, et par différents agents (ONG, tour opérateurs, courtiers, experts, consultants, agences internationales, sites internet).
Chercheurs titulaires : I. Bellier, V. Bénéï, R. Ciavolella, B. Müller, C. Pasqualino, J.-B. Ouedraogo Opérations : Labex dirigé par Th. Dufrêne (ARTS-H2H) – C. Pasqualino, « La marionnette, objet d’histoire, objet d’art, objet de civilisation ? » ; ANR italien (PRIN) sur la pluralité culturelle et politique en Afrique, partenaires Ministère de la recherche italien, Université de Pavie, de Milan Bicocca, de Modène. 2012-2015) ; projet d’ANR Prolégomènes pour une anthropologie du bonheur en Inde, V. Beneï, CEIAS, en attente de réponse, durée 2013-2015 ; Colloque Saint John Perse, Césaire, Glissant : « Regards croisés » Unesco, BNF, Maison de l’Amérique latine, Institut du Quart Monde – P. Bouvier.
Thème 4 - Echelles de gouvernance : les relations complexes entre le global et le local
Le projet SOGIP « Echelles de gouvernance, les Nations-Unies, les Etats et les peuples Autochtones : l’autodétermination au temps de la globalisation », sous la direction de Irène Bellier, est un dispositif de recherche destiné à appréhender les relations complexes entre le global et le local, appuyé sur une équipe de chercheurs contractuels. L’équipe analyse les discours, les politiques, les pratiques et les représentations d’acteurs, de puissance inégale, dans plusieurs régions du monde. L’adoption de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones par l’Assemblée générale des Nations Unies, en septembre 2007 a ouvert un horizon de réflexion sur les différentes modalités possibles d’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Alors que les mécanismes de la reconnaissance (constitutionnelle, juridique et politique) des peuples autochtones sont marqués par le cadre national des Etats qui les englobent, leur appel à la communauté internationale, dans la seconde moitié du 20ème siècle, et les formes actuelles de leur mobilisation transnationale, ont conduit à une phase de prise de conscience globale. Un changement de paradigme est ainsi observé avec l’adoption de cette Déclaration qui possède une haute valeur morale et symbolique, génère une série d’attentes, et est susceptible d’induire nombre de changements qu’il convient d’étudier. Très peu de littérature a été produite sur les possibles impacts de la Déclaration. L’approche comparative et la volonté d’associer à la recherche des partenaires autochtones et certains secteurs des organisations internationales vise à : se dégager des dichotomies simplistes qui pèsent sur la manière de penser les questions autochtones ; mettre en relation les différentes scènes de débat de ces problématiques dans les mondes anglophones, hispanophones et francophones, pour revisiter les théories postcoloniales et penser la modernisation du discours occidental. L’objectif est de produire des résultats sur les conditions de possibilité de la mise en oeuvre de cette Déclaration avant la fin de la deuxième décennie des populations autochtones (2005-2015). Depuis que ce projet a été déposé et les premières recherches entamées, les arènes d’examen et de débat sur la mise en œuvre de la Déclaration et sur les questions de l’autodétermination se sont multipliées. L’un des objectifs de l’équipe, à savoir questionner ce que « le droit à disposer de soi » signifie aujourd’hui, et comprendre comment a évolué le traitement institutionnel des questions autochtones, nous conduit à suivre les développements de la scène universitaire. Cela nous amènera à préciser comment le processus de délégitimation des acteurs indigènes donne aujourd’hui lieu à une reconfiguration des organisations sociales et politiques autochtones dans l’espace politique. L’équipe étudie en simultané les changements que les normes internationales induisent via le développement de leurs programmes d’action, et les réponses des Etats et des peuples autochtones (organisations, communautés locales) que ces projets suscitent. La recherche porte sur quelques domaines de confrontation en termes de politiques publiques tels que : l’éducation ; la gestion des territoires et de leurs ressources ; la représentation politique ; les systèmes légaux ; les expressions culturelles. Les études portant sur les mondes anglophones, hispanophones et francophones sont réalisées dans le Sud de l’Afrique (Botswana, Namibie), en Amérique du Sud (Bolivie, Chili, Argentine, Mexique, Guyane française), en Asie (Inde) et en Océanie (Nouvelle-Calédonie, Australie). Le champ d’études couvre également les organisations internationales : Nations-Unies et ses agences spécialisées ainsi que les Organisations non gouvernementales (ONG).
Chercheurs titulaires : Irène Bellier ; Stéphanie Guyon (MCF, U. d’Amiens), Raphael Rousseleau (U. de Lausanne), Benoit Trépied (CR, CREDO) ; post-doc SOGIP Yves-Marie Davenel, Jennifer Hays, Laurent Lacroix ; doctorant Leslie Cloud, Veronica Gonzalez ; ingénieur d’étude Marion Dupuis. Opération : EUROPEAN RESEARCH COUNCIL / PROJECT 249236 – SOGIP, détail sur le site www.sogip.ehess.fr, 2010-2015
Atelier 2 : La terre comme enjeu de pouvoir dans la globalisation
Cet atelier se propose de réfléchir à la manière dont la terre (dans le double sens de territoire et de substance vivante) est dans le monde contemporain redevenue un enjeu central, autant dans les conflits et les dynamiques politiques, économiques et sociales, que dans les débats sur la responsabilité de l’homme pour son environnement. En dépit de la financiarisation de l’économie dans la phase actuelle de globalisation, une ressource aussi matérielle et basique reste au centre de convoitises et donne lieu à de nouvelles représentations. Au niveau local comme au niveau global, la terre constitue la plaque tournante d’enjeux tels que la sécurité alimentaire, l’accès aux ressources naturelles et la reconnaissance de droits de citoyenneté. Dans le même temps, les rapports physiques et spirituels des humains à la terre et au territoire deviennent des sujets privilégiés des mouvements écologiques et autochtones. En s’appuyant sur des recherches ethnographiques menées dans divers contextes culturels, l’atelier invite à la comparaison et à une réflexion commune sur, par exemple, la superposition de droits de propriété foncière, les conflits nés de compétitions accrues pour leur contrôle, la privatisation et la réduction de la terre à un bien commercial, et sur le phénomène du land grabbing. On s’intéressera également aux nouvelles formes d’usage et de partage de la terre comme « bien commun », d’où émane aujourd’hui la notion de "soin" (care) - une thématique susceptible de représenter un cas exemplaire et révélateur des transformations socio-économiques et politiques « glocales » dans le monde contemporain. Cet atelier se tiendra sous la forme d’un cycle de rencontres complété par une journée d’études.