Mercredi 5 décembre 2007
Laboratoire d’Anthropologie Urbaine
27 rue Paul Bert
Ivry-sur-Seine
Salle A, sous-sol.
Cette journée d’études prend place dans le cadre du programme de recherches « Liban, mémoires de guerre : pratiques, traces et usages » entamé à l’Institut Français du Proche-Orient, en partenariat avec l’Université Saint-Joseph de Beyrouth en janvier 2007.
Le recueil de la mémoire individuelle par les historiens du contemporain qui ont recours au « témoin », et par les anthropologues utilisant les récits de vie est problématique à plusieurs égards. Il s’agira autant de s’interroger sur les modalités du recueil de la parole-souvenir, qui se fait souvent autobiographie, et « fabrication » de mémoire, que sur sa réception et son usage par les sciences sociales. Comment envisager, du point de vue de l’enquête sur la mémoire, la place de ces recherches qui se posent en producteurs de mémoire (par la sollicitation de récits), et celles qui proposent l’analyse d’une question mémorielle posée par les acteurs eux-mêmes comme l’enjeu de la cohésion du groupe ou de la revendication historienne ?
Les interventions issues de recherches au Liban permettront d’exposer les modalités de l’expression des mémoires individuelles et collectives lorsqu’elles ont pour objet la guerre ou l’histoire religieuse. Elles seront mises en perspective dans l’ouverture et la comparaison avec d’autres territoires, comme le Yémen.
Dans le cas du Liban, il s’agira de déterminer les rapports entre diverses formes et pratiques de mémoire a priori distinctes selon les objets et les contextes auxquels elles se rapportent, la mémoire rituelle, la mémoire individuelle ou autobiographique et la mémoire historique qui fait référence à des événements vécus collectivement. Ainsi, la guerre civile dont les événements n’ont pas encore été organisés dans un discours historique consensuel livre cependant des cadres de référence à l’expression des mémoires individuelles. Qu’en est-t-il alors de la relation entre mémoire biographique et mémoire historique ? Qu’est ce que les témoignages d’un temps de guerre nous donnent à lire de cette relation ? Nous tenterons d’illustrer ce « passage » et de voir comment la mémoire fluctue entre les événements qui touchent à la fois l’individu et la société tout entière. Dans les exemples précis où l’événement atteint le coeur du religieux, comment le cérémoniel se constitue–t-il en caisse de résonance de l’actualité et quelles sont les lignes ou les récits à partir desquels il est possible de lire cette instabilité ? Quand le récit de vie se fait autobiographie, que pouvons-nous (ou devons-nous) percevoir du rapport au groupe dans lequel l’individu se replace quand il évoque ses souvenirs personnels ?
Programme de la journée :
10 h
Introduction par Franck Mermier et Jean-Charles Depaule
Jihane Sfeir (historienne, Collège de France, Université Américaine de Paris)
Nom de guerre : Bassel ; Portrait d’un combattant chiite.
Roula Jammal-Moawiyeh (psychologue)
Une mémoire retranchée. Vécus de guerre chez les immigrés libanais.
Reina Sarkis (doctorante en histoire, Paris VII)
Altérations psychiques et guerre infinie au Liban.
Discussion
13 h-14h - déjeuner
14 h
Michel Tabet (doctorant en anthropologie visuelle, EHESS)
Les récitants husseiniens de l’Achoura : figures de la mémoire rituelle (Liban Sud).
Pascale Feghali (anthropologue, université Saint Joseph, Beyrouth – Paris X-Nanterre)
De l’autobiographie à la biographie : le cas d’Abou Youssef.
Sylvaine Camelin (Maître de conférences Paris X Nanterre, anthropologue)
Avant et après la guerre du Golfe : Les vies disparues des migrants yéménites.
Discussion
Contact : Sophie Brones