Responsable
Stéphane RENNESSON
Participants
Orsetta BECHELLONI
Catherine CHORON-BAIX
Yves DELAPORTE
Fabienne DUTEIL-OGATA
Francine FOURMAUX
Hélène HUGOUNENQ
Noël JOUENNE
Christine JUNGEN
Le corps qui signe
Jusqu’en décembre 2009, date de son départ à la retraite, Yves Delaporte poursuivra ses recherches comparatives sur la manière dont les personnes sourdes de naissance utilisent leur corps pour produire du sens. Faisant suite au Dictionnaire étymologique et historique de la langue des signes française paru en 2007, un Etymological and Historical Dictionary of American Sign Language en préparation permettra de comparer deux langues gestuelles qui ont une origine commune mais se sont développées dans des contextes culturels différents. En France même, la variation régionale, un domaine où tout reste à faire, continuera à être explorée. Plusieurs autres travaux contribueront à donner droit de cité aux sourds-muets et à leurs langues, tel le projet collectif d’un dictionnaire encyclopédique d’astronomie pour la langue des signes, Les mains dans les étoiles.
Dans le cadre de ses recherches sur la population sourde pratiquant la langue des signes, Hélène Hugounenq envisage de poursuivre sa réflexion sur les pratiques de l’écrit des sourds. Le corpus sur lequel elle s’appuie et qui continue de s’étoffer révèle des pratiques éminemment diverses et riches, à mille lieues des représentations qu’on s’en fait, généralement figées derrière le chiffre de 80% de sourds illettrés.
Corps, objets et matières
Dans le cadre de sa thèse de doctorat, Orsetta Bechelloni poursuivra son interrogation autour de la question du dressage des corps consécutif à une mutation importante intervenue dans la relation aux objets, aux biens, à l’habitat et en relation avec l’activité professionnelle de la brocante, de Voyageurs sédentarisés à Beaune.
Francine Fourmaux souhaite développer ses recherches auprès des professionnels du cirque en France, pour qui le corps est à la fois l’instrument et le produit d’un travail, un moyen d’expression et l’objet de jeux avec les limites. Elle compte également mener à son terme la publication des exposés des deux journées d’études organisées avec l’IIAC-CETSAH en novembre 2006, « Corps poussé à ses limites et lien social ».
Après avoir mené des recherches sur la danse en Extrême-Orient, Catherine Choron-Baix observe aujourd’hui d’autres modes d’engagement du corps, moins évidents et néanmoins très prégnants, dans le champ artistique, et notamment dans les arts visuels. Travaillant auprès d’une photographe aveugle dont elle étudie les modalités de travail, elle veut rendre compte d’une expérience limite de mise en œuvre du corps, dans sa totalité sensorielle, dans la création artistique.
Fabienne Duteil-Ogata continuera son travail sur la corporéité animale au Japon à travers les pratiques funéraires des animaux de compagnie, notamment à partir de l’étude du traitement des corps physiques morts et de leurs représentations iconographiques et mentales. La pratique récente de sépultures communes « homme-animal » interroge à nouveau la catégorie ontologique des animaux de compagnie au Japon et les différences ou analogies de traitements entre corps animal et corps humain. Une autre perspective sera de comparer cette corporéité animale funéraire japonaise avec celle des États-unis.
Le corps et ses extensions
Comment penser les formes d’engagements entre les hommes et les instruments qu’ils manipulent ? Christine Jungen mène, à partir d’une ethnographie des techniques de manipulation des documents au Centre de manuscrits de la Bibliothèque d’Alexandrie, une réflexion sur les degrés d’engagement entre les hommes et la matière. Elle s’intéressera dans cette perspective à la notion d’interface, de zone de contact, en étudiant les différents modes de manipulation des matériaux, des techniques de restauration des manuscrits à la conceptualisation et la construction d’interfaces virtuelles permettant de « toucher » des documents numériques. Cette réflexion s’élargit sur une appréhension du corps au/en travail et de l’engagement du corps humain dans une pratique professionnelle fondée sur la capacité à produire de la maniabilité.
Noël Jouenne construit son objet de recherche à partir d’une enquête sur les instruments de calcul (règles à calcul, calculatrices de poche). Afin de saisir l’ensemble de valeurs que ces « prothèses matérielles » véhiculent, à travers la notion d’individuation de Simondon et une relecture de Leroi-Gourhan, il interroge leur histoire, leur mode de production et de reproduction sociale. Il étudie, auprès d’un regroupement d’utilisateurs des calculatrices Hewlett-Packard, la survivance et l’entretien d’une mémoire collectivement partagée au moyen des technologies de l’information et de la communication.
Après avoir étudié la boxe thaïlandaise, Stéphane Rennesson a pour objet les combats d’animaux en Thaïlande (scarabées, poissons, coqs et bœufs). Dans ce travail, il tente de définir le statut interactionnel des différents agents, humains et non humains, en développant une perspective empirique où le corps à corps devient un outil épistémologique. C’est donc tout naturellement qu’une attention spéciale est portée sur les modalités concrètes d’interaction – contacts, manipulation – en tant qu’elles permettent de révéler les modes de présence à soi et aux autres des agents du jeu en même temps que les régimes de coopération et de négociation entre les humains et les animaux, c’est-à-dire la contrôlabilité du dispositif ludique.
Atelier "Atmosphères" (resp. : Christine Jungen et Stéphane Rennesson)
Participants : Catherine Choron-Baix, Jean-Charles Depaule, Francine Fourmaux, Josiane Massard-Vincent, Marie Percot.
Participants extérieurs : Sophie Chevalier (LASA), Sophie Houdart (LESC), Emma Aubin (CEIFR), Vanessa Manceron (MNHN), Anna Poujeau (LESC), Annabel Vallard (LESC).
Dans le prolongement du séminaire « Atmosphères ? Ethnographies du sensible », un atelier poursuivra, sur un rythme mensuel, la réflexion sur la notion d’atmosphère à travers ses expérimentations dans le travail ethnographique. Entre un questionnement des outils mobilisés pour décrire et rendre compte des environnements sensibles et une discussion des pistes ouvertes par ailleurs – les notions de « climatologie » (Sloterdijk), de « modes de présence » (Piette) et de « milieux ambiants » (Grimaud et Vidal) –, sera exploré le potentiel heuristique du concept d’atmosphère dans l’examen des modes d’action et d’engagement des humains dans leurs environnements.