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Séminaires

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Planning séminaire TRAM 2012-13

Les séances auront lieu sur le site France de l’EHESS, en salle 3, le mardi de 11h à 13h à partir du 6 novembre 2012.

6 novembre : Séance TRAM : Présentation générale des enjeux théoriques du séminaire : après-coup, global politique, ethos démocratique, carambolage du temps, modèles de la rupture, populationnisme (Lynda Dematteo, Marie Ladier, Catherine Neveu, Sophie Wahnich)

13 novembre  : « Communauté imaginaire des tiers dans l’expérience cinématographique et sentiment de solidarité des acteurs sociaux » (Marion Froger)

Le cinéma peut être le lieu d’une fabrique de liens communs dans l’après-coup de l’histoire. Au contraire de la responsabilité et de la reconnaissance qui exigent des demandes et des réponses précises de la part de tiers institués [le groupe, la collectivité], la solidarité relève davantage de la disposition d’esprit et se traduit, sur le plan des pratiques sociales et des actes politiques, par des engagements individuels.
Au cinéma, ce ressenti s’éprouve dans une relation imaginaire avec des personnes/personnages (incarnés par des acteurs ou jouant leur propre rôle) qui traversent des épreuves, conduisent des luttes. La relation est imaginaire parce qu’elle est caractérisée par l’absence de l’autre pour lequel on éprouve pourtant cette solidarité (...) Mais elle est imaginaire en un autre sens, moins démobilisateur : elle déclenche un désir ; elle instaure de la confiance ; elle donne foi en une relation humaine qui ne s’enracine pas forcément dans un vécu commun ou une communauté de destin.

20 novembre  : « Faire tenir ensemble », (Catherine Neveu)

Alors qu’un certain nombre de théories de la citoyenneté insistent sur son caractère purement individuel et sa nécessaire « purification » de toute référence ou dimension culturelle, de nombreuses pratiques et représentations estiment au contraire qu’une citoyenneté active et effective ne peut se réaliser qu’au prix de l’homogénéisation culturelle. A partir des réflexions fondatrices de R. Rosaldo sur la cultural citizenship comme ressource de résistance et de subjectivation politique, il s’agira dans cette séance de tenter de saisir comment des attachements sensibles (à des lieux, des athmosphères...) peuvent être des ressources, des points d’appui qui permettent de « tenir ensemble » dans la variété des références.

27 novembre : Processus de civilisation ou brutalisation, le stade en question, (Lynda Dematteo)

Depuis la fin des années 1970, les stades italiens ont peu à peu été investis par les groupes d’extrême droite qui y sont devenus hégémoniques. Cette situation préoccupante est sans équivalent ailleurs en Europe. La Ligue du Nord s’inspire du modèle de ritualisation de la violence propre à la culture ultrà — le fanatisme footballistique dans sa version italienne. Dans le stade, il s’agit essentiellement de créer une illusion de violence pour conditionner l’adversaire, mais la multiplication des émeutes engendrées par les supporteurs nous conduit à interroger la fonction cathartique du sport en revenant sur l’idéologie qui la sous-tend : le stade fonctionnerait comme une « soupape de sécurité » dans un contexte social tendu. Cette idée portée par les cadres de la Ligue du Nord repose sur une conception innéiste de la violence issue en partie de la psychanalyse classique et surtout de l’éthologie de Konrad Lorenz. Nous postulons qu’il existe, au contraire, un réel savoir-faire dans la gestion des émotions négatives dans les formations d’extrême droite. L’agressivité fait l’objet d’une socialisation et répond à des effets d’entraînement collectif. Le sport est en réalité un comportement symbolique, hautement culturalisé, dont il faudrait examiner les « ratés » de la ritualisation.

4 décembre : Séance reportée au 15 janvier

11 décembre : Séance TRAM : Qu’est ce que l’antipolitique ?, (Lynda Dematteo)

L’antipolitique est suprêmement politique : il s’agit de la vocation dépolitisante de la politique absolue qui vise en réalité la naturalisation d’un ordre. En Italie, cela s’est traduit par le refus de la délégation politique et l’affirmation d’un pouvoir de nature charismatique (le berlusconisme), la dé-légitimation des élites politiques et la démission de ces mêmes élites qui véhiculent à leur tour des discours sur l’échec de la politique, le rejet de l’ordre politique national et l’impossibilité à imaginer des alternatives, jusqu’à l’idiotie politique revendiquée de la Ligue du Nord. Nous reviendrons sur les usages académiques et médiatiques de cette catégorie dans l’Italie des années 2000 pour mieux interroger sa dimension heuristique. Cette catégorie peut-elle être opératoire dans d’autres contextes politiques passés ou présents.

18 décembre  : La Résistance est-elle encore le fondement de l’ethos démocratique en Italie ? La “guerre des mémoires” en Italie du Nord : le cas de la commémoration de Rovetta. (Lynda Dematteo et Lorenzo Migliorati)

Le matin du 28 avril 1945 (soit trois jours après l’armistice) quarante-trois miliciens de la République de Salò qui s’étaient constitués prisonniers sont exécutés, sans procès, dans le cimetière de Rovetta par les Résistants bergamasques. Depuis, ce petit village de montagne est le lieu d’une commémoration fasciste très importante. En partant de l’analyse ethnographique de ce rite conflictuel nous nous interrogerons sur la part de l’irréconcilié dans la vie politique italienne. Comment se fait-il que la mémoire des torts subis structure encore le conflit politique ? Pour la gauche, l’anti-fascisme est indépassable, c’est l’ultime fondement de la démocratie. La droite, au contraire, voudrait voir ce conflit s’annuler dans une mise en équivalence des mémoires. Derrière cette « guerre des mémoires », c’est notre rapport au temps lui-même qui est en jeu.

8 janvier : Séance TRAM : Rapport au temps bouleversé, quelle écriture ? (Sophie Wahnich avec Patrick Boucheron)

« Faire œuvre d’historien ne signifie pas savoir “comment les choses se sont réellement passées”. Cela signifie s’emparer d’un souvenir, tel qu’il surgit à l’instant du danger. » Patrick Boucheron comme Sophie Wahnich ont fait de cette affirmation de Walter Benjamin un principe pour écrire l’histoire politique. Cette séance reviendra sur l’articulation entre perception du temps du politique et écriture de l’histoire. Au cœur du débat : qu’est-ce qu’une parole instituée du politique, qu’est-ce qu’une parole qui chemine ?S’agit-il alors simplement d’opposer « la grande émotion révolutionnaire » au rythme lent de « l’entretemps ? » Et si la Révolution était elle-même, par nature politique et utopique, un entretemps ?

15 janvier  : Séance TRAM : Reconquêtes démocratiques : « ne rien négliger, ne rien imiter », a-présent de l’histoire, tables rases et modèles chez les pirates, occupy, et dans les révolutions arabes, (Sophie Wahnich)

Dans les demandes d’ethos démocratique qui ont émergé de 2008 à aujourd’hui, la place accordée à l’histoire ou à la tradition est très variée. Soit elle est totalement déniée comme objet dont il faut se méfier pour ne pas retomber dans les mêmes ornières (Indignés, Occupy, Pirates), soit elle est monumentalisée pour se donner du courage (Révolutions arabes), soit elle intervient comme de biais comme réservoir d’arguments anachroniques mais exemplaires (Pirates et occupy). Cette séance reviendra sur les enjeux de ces manières de faire avec l’héritage dans le présent de l’histoire démocratique.

22 janvier : Appartenance et violence fondatrice, imaginaires d’exclusion, (Simona Cerrutti)

La séance portera sur son livre Étrangers : Etude d’une condition d’incertitude dans une société d’Ancien Régime. Alors que la citoyenneté est souvent réduite à un statut, auquel on oppose fréquemment celui « d’étranger », le travail de S. Cerruti nous propose de réfléchir, à partir de Turin au XVIIIème siècle, à une « condition d’extranéité », faite d’incertitudes, et donc susceptible d’être négociée. L’exclusion et/ou l’inclusion s’articulent alors non pas tant sur des statuts que sur des actions.

29 janvier  : Acts of citizenship et modèles de la rupture, (Catherine Neveu et Sophie Wahnich)

Pour E. Isin et G. Nielsen, un « acte de citoyenneté » est ce qui brise la répétition du même et les routines des « pratiques de citoyenneté » instituées. Mais ne peut-il y avoir des usages « déviants » et subversifs de ces pratiques instituées ? A quelles conditions peuvent-ils être alors envisagés comme des « actes » ? Il s’agira dans cette séance de s’interroger sur les « modèles de la rupture », entre événement, subversion des routines, accumulation dans « l’ordinaire », transformation ici et maintenant des relations et des manières de faire politiques en puisant également dans l’événement de la Révolution française.

5 février : Peut-on montrer l’invisibilité de l’immigration ? L’exposition permanente de la cité de l’immigration, (Marianne Amar) A confirmer

Les immigrés sont souvent invisibilisés dans les sociétés qui les accueillent. Comment prendre en compte cette caractéristique d’un phénomène social dans une exposition qui doit par définition « donner à voir » ? Si l’invisibilité n’est pas montrée ou exposable, que dit une exposition sur l’immigration dans l’après coup de cette invisibilisation ?

19 février  : Séance TRAM : La place des sciences sociales dans les processus de politisation et de dépolitisation : l’islamisation des sciences sociales en Iran (Marie Ladier)

Pour le pouvoir politique iranien les sciences sociales et humaines, nées en Occident, contribuent à promouvoir le scepticisme et le doute sur les fondements religieux et de la croyance. Il les désigne alors comme la nouvelle ennemie des fondements idéologiques et théoriques de la République islamique. Considérées, en particulier, d’être à l’origine du mouvement de contestation de juin 2009, le chef de l’exécutif a, depuis lors, cherché à éradiquer les sciences sociales et humaines des cursus scolaires et universitaires et à les remplacer par une « pseudo-science » sociale et humaine qui puiserait ses principes et concepts dans l’islam. Il s’agit bel et bien d’une volonté politique d’endoctriner les étudiants en vue de former des cadres fidèles et loyaux à l’État islamique, afin d’assurer la survie du régime dans un contexte intérieur et extérieur de plus en plus menaçant.

26 février  : Roumanie / Italie, années 1930-1940, année 2000, (Lynda Demattéo)

Aujourd’hui l’Est de l’Union européenne est perçu comme une aire d’expansion pour les entreprises allemandes et italiennes dans une optique néo-impérialiste. La chute du mur de Berlin semble avoir réactivé des schémas qui nous renvoient aux années 1940 : le retour des Italiens en Roumanie après qu’ils en aient été chassés par les communistes après 1945. Cette boucle du temps sera examinée.

5 mars  : Grande Peur et courage, textes Georges Lefebvre et Jacques Revel, (Cynthia Fleury et Sophie Wahnich)
La peur en politique donne-t-elle des ailes ou pétrifie-t-elle ceux qui la ressentent ? Pour répondre à cette question, nous interrogerons la notion de courage dans un dialogue entre la philosophie et l’histoire. Nous reviendrons sur la notion de politique à l’état naissant telle qu’elle est évoquée dans l’introduction à la Grande Peur de Georges Lefebvre par Jacques Revel (1988). C’est ainsi le processus de politisation qui sera interrogé.

12 mars  : Invention d’un « homme nouveau » : populationnisme et subversion des générations émancipées en Iran, (Marie Ladier)

La crise de la légitimité de la République islamique, suite au mouvement contestataire survenu depuis la présidentielle controversée de juin 2009, a conduit à l’adoption d’une politique populationniste par le chef du gouvernement, Mahmoud Ahmadinejad. L’objet consiste à mobiliser les ressources financières encore considérables du pétrole iranien pour créer des plans d’épargne pour la totalité des nouveau-nés, et par-là même précipiter les familles dans une dépendance d’abord clientéliste, puis éventuellement plus forte encore, vis-à-vis de l’appareil d’État, par la réforme du système des subventions. À travers cette politique, M. Ahmadinejad cherche à accompagner l’Iranien dès sa naissance dans le but de fabriquer un « homme nouveau », fidèle à sa propre doctrine islamique, mais surtout suffisamment aliéné à l’appareil d’État pour servir ses desseins à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Iran.

19 mars  : L’universalisme abstrait à l’épreuve ? Evolutions de la citoyenneté française aux Antilles coloniales, 18e-19e siècles, Silyane Larcher

Un discours social puissant en France articule l’idée de « modèle » républicain à une conception abstraite et unitaire de la citoyenneté française. Pourtant, si des travaux de recherche en sciences sociales ont permis de nuancer et complexifier cette interprétation de la citoyenneté, les quelques travaux d’historiens et de politistes qui se sont intéressés en particulier aux avatars de la citoyenneté française dans le contexte colonial ont accordé peu d’attention à ses transformations dans les "vieilles colonies" des Antilles. Le moment révolutionnaire ainsi que la longue période qui fit suite à l’abolition de l’esclavage de 1848 nous montrent que l’universalisme abstrait de citoyenneté constitua un enjeu de définition conflictuelle entre métropole et colonies. Ce versant transatlantique —inscrit sur la longue durée— de l’histoire de la citoyenneté française vient en effet fortement relativiser les acceptions souvent normatives de cette dernière.

26 mars  : être suprême, religion civile, fait religieux, (Marie Ladier et Sophie Wahnich)

Le fait religieux est aujourd’hui au cœur de l’actualité politique. L’instrumentalisation de l’islam, en particulier, depuis la Révolution iranienne de 1979 jusqu’aux Révolutions arabes, a fait de cette religion un objet politique. Cette séance interrogera la manière dont on peut ou non comparer cette actualité et les débats des 17e et 18e siècles sur le fanatisme, la liberté de conscience et la religion nationale.

2 avril  : Séance TRAM conclusions du séminaire : le temps retrouvé ?