Journée-débat organisée par Aline Brochot (Ladyss-Cnrs) et Martin de la Soudière (Cetsah/iiAC)
Le jeudi 29 novembre 2007 de 9h à 17h30
à la Délégation de Paris A du CNRS, Salle des conférences
27 rue Paul Bert, Ivry-sur-Seine
Réunissant géographie, sociologie, architecture et philosophie, cette rencontre se donne pour but d’expliciter l’usage de la notion de lieu dans les sciences humaines.
Selon le contexte de son utilisation, le lieu présente ce paradoxe d’être à la fois, et tour à tour, d’une totale neutralité (le lieu comme endroit, comme simple localisation) ou, au contraire, très précisément spécifié (lieu de mémoire, haut-lieu…). Se prêtant de surcroît à des emplois métaphoriques, il renvoie à des registres multiples (sociaux, culturels, patrimoniaux, poétiques…). Dès lors, il ne se laisse pas aisément saisir, ni définir. Nous formulons cependant l’hypothèse qu’il possède sa logique et son régime propres qu’il importe de décrypter, en particulier en le distinguant de notions voisines comme celles de territoire ou encore de paysage. Il serait alors une autre manière de dire l’espace et ce qui se joue entre celui-ci et la société.
Chacun dans sa discipline, les intervenants exposeront ce qui les conduit à utiliser préférentiellement cette notion dans leurs recherches, tant d’un point de vue analytique qu’empirique. La pluralité de ces regards nous a paru indispensable pour évaluer jusqu’à quel point elle relève d’un usage partagé et commun à nos différentes spécialités ou, au contraire, s’avère l’apanage de l’une d’entre elles.
Notre souhait d’instaurer ce débat tient aussi au constat que l’on peut faire aujourd’hui d’un retour de cette notion de lieu sur le devant de la scène des sciences humaines, principalement dans la géographie ; retour qu’il conviendra d’interpréter. L’enjeu est donc ici épistémologique et heuristique : parvenir, s’il est possible, à la définition d’un véritable objet de recherche, d’autant plus que celui-ci se trouve en phase avec l’attention renouvelée que porte aujourd’hui la société à l’habiter, au patrimoine, à l’identité régionale ou encore aux paysages.
LES INTERVENANTS
Philippe BONNIN
Philippe Bonnin est architecte DPLG, socio-anthropologue. Directeur de recherche au CNRS, il dirige l’UMR I.P.R.A.U.S. (Architectures, urbanismes, sociétés). Il anime le réseau de recherche franco-japonais JAPARCHI. Il travaille sur l’architecture des limites, des dispositifs et rituels des seuils, sur l’évolution de l’habitation et de l’architecture rurale, sur l’inscription du temps dans l’architecture populaire (une comparaison France/Japon, avec l’université du Hokkaido), sur l’esthétique ordinaire de la ville, sur l’usage de l’image dans l’observation et l’analyse des espaces habités.
IPRAUS - Ecole d’Architecture de Paris-Belleville
78, rue Rebeval 75019 PARIS - Email
Aline BROCHOT
Aline Brochot est géographe, Ingénieur de recherche au CNRS. De la caractérisation des espaces ruraux à l’analyse des représentations et pratiques du patrimoine, puis des cultures régionales, ses travaux l’ont progressivement orientée vers l’analyse des modes de construction de la valeur des lieux et des enjeux attachés à son exploitation. Elle tente, en particulier d’explorer les modalités de la relation qu’entretiennent les individus et les sociétés locales avec leur lieu de vie lorsque celui-ci est désigné comme « lieu de valeur ». Ses travaux actuels portent sur l’analyse des effets locaux de l’Inscription au patrimoine mondial dans des sites viticoles européens et, plus spécifiquement, sur les formes que prend, localement, le passage de la désignation de l’exceptionnel à sa gestion au quotidien.
LADYSS (Laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces) – CNRS/Paris 1
2, rue Valette 75005 PARIS - Email
Anne CAUQUELIN
Anne Cauquelin est philosophe, professeur émérite des universités, directrice de la Revue d’esthétique, vice-présidente de la Société française d’esthétique. Elle s’est tout d’abord intéressée à l’espace urbain, et surtout à ses discours et théories. Le paysage, puis le jardin furent comme la « suite naturelle » de cet intérêt. Parallèlement, une ligne de recherche a été développée sur l’art contemporain et sur le cyberespace, dont l’intérêt pour la recherche est d’offrir un lien entre réflexions sur l’espace et sur l’art.
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Bernard DEBARBIEUX
Bernard Debarbieux est professeur de géographie à l’Université de Genève. Il a travaillé sur le rôle des représentations collectives et des imaginaires dans la construction des territorialités, en déclinant ce type de réflexion sur divers objets : la montagne, la prospective territoriale, la construction des Etats-nations et l’émergence de mouvements transnationaux, la construction et la transformation du bien commun, etc.
Université de Genève - Département de Géographie
Faculté des Sciences économiques et sociales - UNIMAIL
Boulevard du Pont d’Arve 40 - GENEVE - Email
Françoise DUBOST
Françoise Dubost est sociologue, directrice de recherche honoraire au CNRS. De la maison rurale au pavillon de banlieue, du jardin au paysage, les multiples façons d’habiter, d’aménager l’espace et de composer avec le milieu naturel ont été le principal objet de ses enquêtes de terrain et études historiques.
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Martin de la SOUDIERE
Principalement à partir du cas des montagnes françaises (Massif central, Haut-Jura), Martin de la Soudière, sociologue au Cetsah, s’est toujours attaché aux pratiques de l’espace dit naturel, des nouveaux territoires ruraux et des paysages ordinaires. Plus récemment, il cherche également à mettre au jour l’importance du vécu et de l’imaginaire du climat et des saisons dans notre relation à l’environnement. Avec le ciel pour terrain, il adopte cependant la même posture : l’observation du quotidien à travers des lieux qu’il arpente en ethnographe, des moments qu’il partage, des ambiances qu’il devine. Mais, alors nécessairement impliqué, comment et par quel parti pris d’écriture le chercheur peut-il rendre compte de l’infime et de l’intime ?
CETSAH (Centre d’Etudes transdisciplinaires. Sociologie Anthropologie Histoire) – EHESS/CNRS
22, rue d’Athènes – 75009 Paris - Email
André MICOUD
André Micoud est sociologue, directeur de recherche au CNRS. A partir de travaux sur la patrimonialisation, sur des éléments tant naturels que culturels, André Micoud travaille sur l’hypothèse de l’avènement d’un nouvel "ordre territorial" (et aussi temporel) des sociétés occidentales, consécutif à la crise écologique. Ses travaux portent sur la construction des espaces naturels protégés, des identités locales, mais aussi des re-constructions des temporalités. Les lieux, dans cette problématique, sont pour lui à analyser comme des figures à partir desquelles il est possible de voir le fond, encore largement impensé, sur lequel ils se détachent.
UMR n° 5264 Mondes et Dynamique des Sociétés, (Modys). Ce laboratoire nouvellement créé englobe l’ex-Crésal.
6 rue Basse-des-Rives, 42023 St-Etienne cedex 2 - Email
Marie-Claire ROBIC
Marie-Claire Robic est géographe, directrice de recherche au CNRS. Elle travaille sur l’évolution de la géographie depuis la fin du XIXe siècle (particulièrement sur la géographie classique française), sur les conceptions de l’espace et sur les représentations iconographiques qui l’accompagnent.
UMR Géographie-cités, équipe E.H.GO
13, rue du Four – 75006 Paris - Email
Kenneth WHITE
D’origine écossaise, Kenneth White est établi en France depuis quarante ans. Auteur d’une œuvre qui comprend le récit, l’essai, la poésie, il a occupé de 1983 à 1996, la chaire de Poétique du XXè siècle à Paris–Sorbonne. En 1989, il fonda l’Institut international de géopoétique et sa revue, les Cahiers de Géopoétique.