Programme Séminaire TRAM 2013-2014
Citoyennetés ordinaires, révolutionnaires, subverties
10 janvier : séance d’ouverture et de présentation ( L. Dematteo ; M. Ladier ; C. Neveu ; M. Vanhoenacker ; S. Wahnich)
Partie I : Institutions subverties dans le contexte de la globalisation politique
17 janvier : Les usages pervers des institutions démocratiques ordinaires : Iran, Tunisie, Venezuela, Egypte (Marie Ladier, IIAC-TRAM ; discutante : L. Dematteo)
Le verdict par les urnes est généralement considéré comme la principale caractéristique d’un régime démocratique. C’est la raison pour laquelle dans la plupart des pays à régime autoritaire, les dirigeants font du jeu électoral l’outil par excellence pour légitimer leur pouvoir et par là-même imposer leur projet politique à la société civile. Il s’agit donc d’analyser les effets d’une disjonction voulue entre l’offre électorale et l’attente démocratique ainsi que l’effet de l’interventionnisme étatique quand il vient contrecarrer l’espérance démocratique exprimée dans l’espace public.
24 janvier : Droits sociaux en régime autoritaire, droits sociaux en régime démocratique (Blandine Destremeau, LISE ; discutante : M. Ladier)
À Cuba, les réformes des politiques sociales (et des autres politiques et cadres économiques) ne relèvent pas de ce qui a été qualifié de « transition » en Europe de l’est. Comme il est bien connu, le régime cubain « tient bon » : autrement dit, non seulement il n’a pas abandonné ses prérogatives politiques, mais il continue à maintenir les structures générales du système économique et des politiques sociales (protection sociale, politiques de subvention, emploi, services publics…) en tentant de les adapter aux nouvelles conjonctures. Après avoir décrit et caractérisé ces réformes et ajustements, nous tenterons d’en appréhender la portée au regard de ce que sont les droits sociaux à Cuba, notamment au regard des formes et types de contreparties attendues des citoyens, et donc des contours de la « transaction » qui fonde la citoyenneté sociale.
31 janvier : Démocratie sans frontière : nouvelle utopie ou nouvelle domination ? (Boris Petric, Centre Norbert Elias, Marseille ; discutante : C. Neveu)
La promotion de la démocratie se déploie dans le monde entier à travers les discours et l’action d’agences de coopération d’Etat, d’institutions internationales, d’ONG ou de fondations politiques. Ce phénomène est un révélateur de la transnationalisation du politique et nous amène à s’interroger sur un processus qui métamorphose les arènes politiques aussi bien dans leur légitimité que dans la manière d’exercer le pouvoir.
7 février : Le Conseil de l’Europe peut-il sauver les droits humains dans une Europe en crise ? Luttes de pouvoir pour ou contre l’universel (Sophie Dimitrioulas, doctorante IIAC-TRAM ; discutante : L. Dematteo)
Avec la crise économique mondiale et des désordres qu’elle engendre, le Conseil de l’Europe est placé devant un défi sans précédent depuis ses origines, celui de sauvegarder l’acquis européen en droits humains, plus encore d’en promouvoir l’application effective et l’enrichissement. Nous interrogerons les potentialités de cette Organisation à la lumière d’une évolution paradoxale : d’une part, le conflit de valeurs et les luttes de pouvoir pour et contre l’universel qui se manifestent en son sein même ; d’autre part, la maturation de l’ordre de droit européen qui se voie conforté dans sa finalité en temps de crise et son unification inédite marquée par l’adhésion imminente de l’Union européenne à la CEDH.
Partie II : Communautés et fidélités multiples, demandes d’ethos démocratique et subversions
14 février : Totems, promesses et investitures : faire communauté chez les scouts (Maxime Vanhoenacker, IIAC-TRAM ; discutante : L. Dematteo)
Dans cette séance il sera question du cérémonial et des rituels qui se déploient dans les différentes cultures de scoutisme afin de normer les passages progressifs à l’âge adulte. Ces pratiques entretiennent un sentiment communautaire et une certaine allégeance au groupe. Sans le résoudre, ces rituels mettent en scène le paradoxe de l’éducation populaire : organiser les conditions d’une éducation émancipatrice qui passe par des formes plus ou moins subtiles de contrôles et de contraintes.
21 février :Faire émerger une utopie dans le quotidien d’un centre social : quelques pistes d’explorations (Catherine Neveu, IIAC-TRAM ; discutante : S. Wahnich)
A partir des pratiques développées dans un centre social pour développer le « pouvoir d’agir » des habitants du quartier, on interrogera à la fois les projets d’émancipation collective et les résistances, tant parmi les salariés que les habitants, à leur mise en œuvre. Il s’agira également de discuter les bénéfices d’une ethnographie « multi-sites » naviguant entre les projets d’émancipation d’un centre social local et de la fédération nationale des centres sociaux.
28 février : Religions civiles et questions laïques (Sophie Wahnich, IIAC-TRAM ; discutante : M. Ladier)
Les révolutionnaires ont peu parlé de laïcité mais ils ont tenté de trouver des procédures qui permettent après une guerre civile religieuse, de faire tenir ensemble des segments religieux adverses. Nous examinerons ces procédures.
7 mars : Le Tea Party ou l’anti-communauté (Lynda Dematteo, IIAC-TRAM ; discutante : S. Wahnich)
Les deux gestes fondateurs que sont le serment de Pontida (Italie) et le serment de Lexington (Etats-Unis) font l’objet de re-jeux populistes. Ces performances sont singulières, car elles font la part belle à la dérision. Dans sa version moderne, l’imaginaire fait communauté, ici nous serions plutôt face à une formation fantasmatique née du refus du pacte symbolique et d’une accentuation de la crise. En réalité, ces serments populistes nous parlent de communautés qui se défont.
14 mars : Quand l’idéal participatif informe le mode de concevoir et vivre son habitat : les projets expérimentaux de cohabitat en France et en Italie (Annalisa Iorio, Doctorante IIAC-TRAM ; discutante : M. Ladier)
Partie III : Retours critiques
21 mars : Les post-colonial studies et les autres de l’occident (Sophie Wahnich, IIAC-TRAM ; discutante : S. Larcher)
Les postcolonial studies ont souvent rendu hommage à la résistance à l’oppression sous toutes leurs formes, mais dans un contexte d’essentialisme stratégique, c’est au prix d’une non-prise en compte de la tradition occidentale que ce projet se poursuit. Nous verrons comment cependant un autre récit continue malgré tout de se frayer un chemin fidèle à une certaine complexité des destins qui ont noué causes occidentales, causes noires, causes juives.
28 mars : Authenticité, contrefaçon : qu’est-ce que l’anthropologie du « made in Italy » ? (Lynda Dematteo, IIAC-TRAM ; discutant : M. Vanhoenacker)
A travers l’ethnographie d’une multinationale de poche représentative de l’industrie textile italienne nous questionnerons les discours de promotions du Made in Italy au regard des réalités de la production. Depuis la délocalisation de la confection, la référence à un territoire donné a-t-elle encore un sens pour les industriels ? Défendre le Made in Italy ne serait-ce pas plutôt lutter contre les pratiques indélicates, voire illégales de certains opérateurs du secteur ?
4 avril : La répression des mouvements populaires comme appréhension genrée du peuple, Paris 18ème siècle (Clara Chevalier, doctorante IIAC-TRAM ; discutante : M. Ladier)
Comment fonctionne la construction genrée de l’émeute dans le cadre du processus répressif ? L’essentialisation du peuple au XVIIIe ne se fait pas sans le genre, et revenir à cette question devrait permettre de faire tenir ensemble le problème des femmes et celui des masculinités non hégémoniques. La question du corps et de l’appréhension des « corps populaires » par le pouvoir est au cœur de ce processus. La construction des archives judiciaires avec le genre comme catégorie d’analyse, permet de travailler sur la répression judiciaire en tant qu’elle (re)construit l’émeute.
11 avril : conclusions