3e jeudi du mois du 18 novembre 2010 au 16 juin 2011. Les séances de novembre et décembre 2010 auront lieu de 14 h 30 à 17 h : le 18 novembre en salle 445 bis, 54 bd Raspail 75006 Paris ; le 16 décembre en salle 015 (même lieu). À partir du 20 janvier 2011, les séances auront lieu de 15 h à 17 h (salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris).
Le séminaire du LAIOS interrogera cette année les manières de développer une anthropologie politique du contemporain et cette notion même de contemporanéité. La contemporanéité de l’activité des anthropologues politiques semble d’évidence. Elle serait contemporaine car elle s’intéresserait à ce qui se déroule maintenant et développerait ses enquêtes auprès de sujets tout aussi contemporains que l’anthropologue. Mais le contemporain ne se limite pas à la coïncidence temporelle du terrain et de l’enquêteur et la non-coïncidence peut même être requise pour que l’enquête puisse être menée d’une manière fructueuse. Il s’agira de se demander en quoi l’anthropologie politique du contemporain construit avec des passés disciplinaires ou historiques la possibilité d’une interrogation critique et théorique sur le présent. Pour mieux les interroger, ce séminaire poussera à l’extrême les logiques du contemporain : quelles sont les conditions théoriques, notionnelles et pratiques qui permettent d’y construire l’écart entre terrains d’enquête et enquêteurs, ou de remettre en débat cette notion même de recul, tant l’anthropologie est une pratique qui ne rechigne pas à se colleter aux difficultés que pose l’étude de ce qui se passe immédiatement sous nos yeux ? Et s’il ne s’agissait pas tant de se retirer ou de se séparer des situations étudiées, mais bien de s’immerger et de travailler de l’intérieur des espaces de réflexion et d’analyse, en espérant y intervenir ? Dans ces deux cas, de distanciation ou d’immersion, il s’agit de saisir quel rendez-vous l’anthropologie politique du contemporain tient à ne pas manquer.
Séance du 18 novembre annulée
La réflexion sur le sens politique de la désobéissance s’appuie sur un examen des actes de désobéissance civile qui prolifèrent en France, à l’école, à l’hôpital, à l’université ou dans les entreprises,. Elle manifeste un refus de la logique du résultat et de la performance qui s’impose comme mode de gouvernement. On peut se demander s’il s’agit d’une attitude propre à la France, qui nous interroge aussi sur le sens de la citoyenneté aujourd’hui, Ce sera l’occasion d’entamer un dialogue interdisciplinaire sur la manière d’enquêter sur, et d’analyser des « objets chauds ».
Séance du 16 décembre - salle 015 - 54 bd Raspail - Paris 6e
Pierre Bouvier : Storytelling, récits et fausse conscience
Aux grands récits se sont substituées des narrations d’un nouveau type.
Prises dans les mailles de la toile et des interactions personnelles,
elles sont légères, éphémères, parfois anachroniques et s’ouvrent sur une fausse conscience généralisée des rapports humains et des trames discursives qui, pourtant, devrait relier et redonner du sens au lien social et à la contemporanéité. Nous questionnerons les enjeux du
storytelling, les constructions discursives dans l’analyse des faits
contemporains et leurs implications sociopolitiques : la réification des
acteurs, l’émergence d’espaces narratifs, le viol des foules par la
rhétorique... Qu’en est-il de la place de l’analyse anthropologique et
socio-anthropologique, de l’intervenant et du dialogique dans ce nouveau contexte ?
Séance du 20 janvier 2011
Birgit Muller : Dispositifs temporels globalisés et le travail de la terre
À l’échelle globale, différents discours d’urgence sur le futur de l’agriculture dans le monde cherchent à s’imposer comme modèles dominants dans les arènes internationales. Ces discours valorisent différemment les pratiques agricoles des petits producteurs du Sud et ceux des grands exploitants du Nord. Elles sont pourtant contemporaines — c’est à dire étant du même temps et soumises aux mêmes mécanismes de marché. Ils les présentent tour à tour comme modèles rétrogrades à dépasser ou comme modèles d’avenir. Cette séance propose d’examiner les logiques temporelles du progrès et de l’entropie qui sous-tendent ces discours. Nous mettrons en rapport les multiples conceptions du temps, les timescapes, qui existent simultanément dans le travail de la terre.
Séance du 17 février 2011
Sandra Laugier , professeur de philosophie à l’université de Paris 1 Panthéon- Sorbonne, présentera la réflexion qu’elle a engagée avec Albert Ogien, sociologue, directeur de recherches au CNRS et enseignant à l’EHESS dans le livre publié en 2010, Pourquoi désobéir en démocratie ? (éditions La Découverte).
La réflexion sur le sens politique de la désobéissance s’appuie sur un examen des actes de désobéissance civile qui prolifèrent en France, à l’école, à l’hôpital, à l’université ou dans les entreprises,. Elle manifeste un refus de la logique du résultat et de la performance qui s’impose comme mode de gouvernement. On peut se demander s’il s’agit d’une attitude propre à la France, qui nous interroge aussi sur le sens de la citoyenneté aujourd’hui, Ce sera l’occasion d’entamer un dialogue interdisciplinaire sur la manière d’enquêter sur, et d’analyser des « objets chauds ».
POUR RAISON EXCEPTIONNELLE, LE SÉMINAIRE DU LAIOS DU JEUDI 17 MARS "ANTHROPOLOGIE POLITIQUE DU CONTEMPORAIN" EST ANNULÉ
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Séance du 17 mars 2011
Jean-Bernard Ouédraogo :
Anthropologie politique du contemporain : pourquoi ?
Discours savants et exercices indigènes de la violence : statut du passé et échelle d’analyse de la modernité africaine
Sur la question de la violence en Afrique, les clichés ont la vie dure. Les sociétés africaines du présent, comme celles du passé, seraient nécessairement productrices de violence, incapables d’inventer des pratiques « civilisées », et tournant ainsi le dos à la modernité. La violence ne semble se penser que comme essence. Sujet à défaut d’être objet, elle est promenée à travers le temps et l’espace, à la recherche paradoxale de sa propre identité introuvable. Le but de ces pérégrinations savantes est justement de conjuguer sur le même registre les manifestations de la violence avec ce que l’on dénomme parfois « la pluralité des régimes de violence ». Evoquant hâtivement le passé plutôt que l’histoire des sociétés africaines, nombre d’analystes ne voient que les caractéristiques « élémentaires » et itératives de la violence, sans tenter de remettre en cause ces standards interprétatifs façonnés dans les cadres d’une morale savante, aux racines profondes, qui fait son office classificatoire. Comprendre la violence, c’est selon moi considérer qu’elle ne peut jouir d’une quelconque souveraineté ; elle est en effet entièrement intégrée dans les rapports sociaux historiques.
Il faut alors considérer que les sociétés africaines sont, elles aussi, entrées dans un nouveau cycle historique qui change leurs structures matérielles et leurs cadres symboliques ; on ne peut continuer à les inscrire dans un ordre passé, ancien, quand elles participent obligatoirement à des enjeux nouveaux, modernes. La violence, comme forme particulière d’intensification des relations sociales, ne peut se penser hors d’une reconstruction minutieuse du sens de la dynamique sociale et des attributions statutaires qu’elle manifeste. Ce changement historique est marqué par une recomposition des liens sociaux et par l’institution d’un nouvel ordre des valeurs sociales, plus ou moins rigides ou légitimes, sur lesquelles campent des intérêts nouveaux et concurrents.
Séance du 19 mai 2011
Boris Pétric :
L’observation électorale comme dispositif politique
Différents événements politiques récents, des troubles en Côte d’Ivoire aux « révolutions de couleurs » dans l’espace post-soviétique, témoignent du rôle incontournable de l’observation électorale dans la vie politique de divers espaces politiques. A partir d’un travail mené sur l’espace politique kirghize et les réseaux transnationaux et internationaux de l’observation électorale, il s’agira plus globalement de proposer quelques pistes de réflexion pour l’anthropologie politique contemporaine. La généralisation de l’observation électorale internationale s’apparente à un dispositif majeur de pouvoir qui nous invite à repenser les questions classiques autour de l’Etat, de la souveraineté, de la légitimité et de l’exercice du pouvoir.
Séance du 16 juin 2011
- DERNIERE SEANCE
Laura Bear :
This Body is Our Body : theologies of materiality and debts of kinship in a neo-liberal shipyard on the Hooghly River
On the Hooghly river particular routines of work combine with ritual, kinship, economic and political ethics to create diverse interpretations of how prosperity is generated. Rather than analyzing these as cultural forms of a more general global capitalism this paper uses these to reflect on the limits of our existing theories. It argues that older analyses of consent and alienation, as well as more recent approaches that suggest there is a new single neo-liberal ethic of labor, share a conceptual gap. They underestimate the dynamism of the act of labor as a transaction that produces reflection on the forces that animate the world, produce material objects and sustain human creativity. This paper explores the act of labour in a shipyard producing for national and international clients. Here we have the highest realization of the logics of neo-liberal outsourcing and the new public good -a reduction of infrastructure, accountability and the costs of labor to the minimum outside the limiting regulations of the state and politics. The chapter shows that shipyard workers expressed a complex ethics of the productivity of their labor based in rituals of Viswakarma puja, theologies of materiality and kinship idioms. Via a reinterpretation of Marx and Arendt these formulations of workers can be used to radically alter our theories of the act of work within contemporary capitalism.
Cette intervention se déroulera en anglais