2e et 4e mardis du mois de 17 h à 19 h aux Archives nationales (CARAN) - salle d’albâtre - 11 rue des Quatre-Fils - 75003 Paris du 23 novembre 2010 au 28 juin 2011.
Les premières séances seront consacrées cette année à une radiographie comparée du vocabulaire des pratiques d’archives, à partir d’une enquête au sein des dictionnaires administratifs du XIXe siècle. Chaque séance s’appuiera sur des dossiers documentaires d’archives examinés en commun.
Les séances auront lieu toutes les deux semaines, les 2e et 4e mardi du mois (soit, compte tenu des vacances scolaires : le 7 décembre, le 14 décembre, le 11 janvier, le 25 janvier, le 8 février, le 8 mars, le 22 mars, le 26 avril, le 10 mai, le 24 mai, le 14 juin et le 28 juin). Le programme de chaque séance sera annoncée quelques jours auparavant par e-mail.
NB : détail pratique important
- les grilles du CARAN étant fermées après 17h, il est préférable, si possible, d’arriver quelques minutes en avance (toutefois quelqu’un pourra venir ouvrir la grille au-delà de 17h, jusqu’à 17h15 environ).
résumé des attendues de cette conférence
La mise en archives. Histoire et anthropologie des institutions et des pratiques d’archives
Yann Potin, IIAC, Equipe Anthropologie de l’écriture, chargé d’études documentaires aux Archives nationales
De la transmission des papiers privés à l’institution définitive des archives publiques, en passant par les pratiques administratives en apparence banales, les cultures protéiformes de l’archivage offrent un terrain d’analyse permettant de confronter l’histoire à l’archivistique, l’anthropologie de l’écriture aux sciences administratives et l’historiographie à l’histoire de la constitution des fonds d’archives. Cet enseignement se propose ainsi de tenter un dialogue entre une histoire institutionnelle des archives et une approche anthropologique des pratiques d’archives, en cherchant à circonscrire les processus – sociaux, identitaires, juridiques – qui assurent la transformation des traces en archives, de l’écrit quotidien au monument historique.
Les séances de cette seconde année seront consacrées, en alternance :
à une histoire comparée des institutions archivistiques dans la longue durée, avec une attention particulière pour l’histoire de la collecte et du traitement des fonds aux Archives nationales en France depuis la Révolution.
à une analyse de cas d’archivage et de situations de transmission d’archives contemporaines qui permettent d’envisager l’opération archivistique comme un terrain ethnographique singulier
Compte-rendu d’enseignement, année universitaire 2009-2010
La mise en archives – Histoire et anthropologie des pratiques d’archives - Yann Potin, Agrégé d’histoire, chargé d’études documentaires, Archives nationales (Section du XIXe siècle)
Les « archives » occupent assurément, depuis une dizaine d’années, une position nouvelle au sein des sciences humaines et sociales. Leur champ de constitution, de convocation et d’usage déborde désormais très largement le territoire classique de la discipline historique, après en avoir jalousement été le glorieux terreau scientifique et le principal rempart méthodologique. Si transmission et matérialisation du savoir sont au cœur des phénomènes d’archives et d’archivage, il y a là peut-être également un effet de seuil temporel : près d’un siècle après leur lente institutionnalisation, les sciences humaines et sociales sont progressivement entrées, en ordre dispersé, dans un âge historiographique qui ne peut, un jour ou l’autre, échapper à la question de la « mise en archives ». A la différence de la neutralité apparente du terme d’« archivage », l’expression de « mise en archives » entend indiquer combien la constitution de ce qui est institué, pour finir, en « archives », procède de logiques sociales et politiques de sélection et distinction.
La conférence complémentaire s’est ainsi proposée de tenter un dialogue entre une histoire institutionnelle des archives et une approche anthropologique des pratiques d’archives. Elle a donné lieu à 36 h d’enseignement, réparties en deux segments : 12 séances de « cours » de 2h d’une part (2e et 4e mardi du mois, du 10 novembre 2009 au 8 juin 2010, de 15h à 17h, en salle 1, 105 bd Raspail), et 3 séances « pratiques » de 4h environ (les après-midi du 25 mars, 12 mai et 30 juin) d’autre part.
Les douze séances « magistrales » avaient autant pour objectif de circonscrire une problématique, autour de l’institution historiographique, patrimoniale et scientifique des archives que de proposer un premier panorama de connaissances positives, en privilégiant en premier lieu la période fondatrice de la Révolution française et du XIXe siècle, en vue de bâtir une histoire critique et dynamique de la constitution politique et sociale des archives en France, en deçà et par-delà le mode de fonctionnement des dépôts d’archives publiques (nationales ou locales).
Hormis deux séances introductives, consacrées à une rétrospective bibliographique et terminologique, le propos, fondé sur le commentaire de documents distribués à l’auditoire, a donc tenté de répondre à un double impératif historiographique et méthodologique. Si l’essentiel de la conférence a porté sur la situation et l’histoire des archives en France, plusieurs fenêtres comparatives ont été envisagées (notamment sur les autres situations en Europe au XIXe siècle).
Trois thèmes principaux, déployés chacun en trois séances environ, ont pu être abordé. En premier lieu, un bilan provisoire a été tenté sur la question de la fondation révolutionnaire des Archives nationales et de l’ambition juridique avortée de l’institution au cours des régimes successifs, jusqu’à l’organisation d’un cadre de classement à valeur administrative au cours du Premier empire. Trois à quatre séances ont ensuite été dédiées à la « conversion » historiographique de l’institution à partir des années 1830, ou comment le « goût » de l’histoire vint aux archives (en examinant notamment la logique de construction de la valeur mise en scène par « l’armoire de fer »), avant que les archives ne deviennent, après 1860, par défaut, un objet patrimonial, voire muséal, mal assis et peu légitime, qui commande néanmoins son rattachement au Ministère de la Culture en 1959.
Sous l’intitulé « les archives au miroir de l’ethnographie », les trois dernières séances ont été consacrées aux rapports entre la discipline ethnographique, l’imaginaire et les pratiques d’archives. Le propos s’est appuyé notamment sur une lecture collective des extraits du chapitre "Le Temps retrouvé" de La pensée sauvage, au cours desquels Claude Lévi-Strauss convoque de manière quelque peu intrigante la pratique archivistique occidentale. Au-delà d’une analyse fortune de la métaphore des "archives" dans la constitution des pratiques de collecte ethnographique (et archéologique), au cours du premier XXe siècle et d’une évaluation du rapport des institutions ethnographiques à leurs propres archives, ces séances avaient pour but de tenter de circonscrire ce que pourrait être une approche spécifiquement anthropologique des phénomènes d’archivage, dans la perspective notamment du prolongement de la conférence l’an prochain.
Le second versant de la conférence a consisté en trois ateliers, déclinés en une visite approfondie des dépôts des Archives nationales, en un atelier de réflexion autour de la collecte des documents induite par le déménagement de l’immeuble du 54 boulevard Raspail (en présence de Pierre Favreau, assistant à la maîtrise d’ouvrage pour cette opération) et à un atelier de réflexion sur la collecte des archives orales, en présence de Sébastien Laurent (Université Bordeaux III). Ces ateliers n’avaient pas seulement pour but d’être des travaux pratiques : il s’agissait d’inscrire la problématique de la constitution des archives dans les multiples chaînes opératoires qui font l’objet d’une spécialisation professionnelle – l’archivistique – directement connectée à l’évolution des recherches en sciences sociales aujourd’hui. Le contexte exceptionnel du déménagement de l’immeuble du 54 boulevard Raspail a ainsi offert un très beau terrain de réflexion et d’observation des procédures et processus de « collecte » et de transmission des documents plus tard transformés en « archives » qu’il s’agira de suivre l’an prochain au moment et au lendemain du déménagement effectif.
Plan du CARAN
Séance du 10 mai
aux Archives nationales, en salle suspendue
(au-dessus de la salle d’Albâtre, entrée à gauche au Rdc du CARAN, 11 rue des Quatre fils, 75003)
Trier et répartir les fonds : de la "provenance" à la "pertinence",
regards sur la distribution thématique des archives à l’époque révolutionnaire
Les séances sont consacrées cette année à une enquête historique sur le vocabulaire lié aux pratiques d’archives et d’archivage, en vue de concevoir la fabrication collective d’un lexique historique des "Mots d’archives".
En poursuivant l’archéologie des notions de tri, de sélection et de classement des archives, la séance sera consacrée à une comparaison entre les pratiques de triage des papiers des comités des Assemblées successives (jusqu’au Directoire) et la distribution des papiers provenant des institutions "d’Ancien régime" au sein des "sections" des Archives nationales
Séance du 14 juin
Pour une séance collective exceptionnelle, co-organisée avec Christine Jungen (IIAC, Laboratoire d’Anthropologie urbaine), responsable de l’ANR "Archives au Moyen Orient", autour du thème :
Archives manquantes, histoire retrouvée : Beyrouth et Jérusalem, XIXe-XXe siècle, d es villes en quête de leurs archives.
avec Carla Eddé, chef du département d’histoire de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth ( Beyrouth : naissance d’une capitale 1918 -1924 , Actes Sud, 2010) et Vincent Lemire, maître de conférences à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée ( La soif de Jérusalem. Essai d’hydrohistoire (1840-1948) , Paris, Publications de la Sorbonne, 2010).
Cette séance croisée nous permettra de revenir sur le rapport entre transmission des fonds d’archives et dispositif historiographique, à partir de la situation d’archives spécifique du Proche-Orient contemporain.
Séance du 28 juin annulée et reportée au 5 juillet
Cette dernière séance sera consacrée à une conclusion temporaire sur les pratiques et la politique des triages d’archives pendant l’époque révolutionnaire et impériale.
Elle sera également l’occasion de discuter du projet collectif de dictionnaire historique des "mots d’archives" et de son programme de travail auquel vous êtes tous conviés.
Très important
Du fait des nouvelles règles de sécurité, liées à l’ouverture des jardins des Archives nationales, le sas d’entrée du CARAN ferme à 17h pile ; en revanche les grilles d’entrée sur la rue sont ouvertes jusqu’à 20h. Il vous faut donc arriver si possible entre 16h45 et 17h. Si par hasard vous êtes en retard - téléphonez moi au 06 63 98 18 57 afin que je puisse vous ouvrir.