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La domestication du faux : supports et suppôts

Marc Aymes, chargé de recherche au CNRS, Christine Jungen, chargée de recherche au CNRS

par Maryse Cournollet - publié le

4e lundi du mois de 9 h à 13 h (salle 1, RdC, bât. Le France, 190-198 av de France 75013 Paris), du 28 novembre 2011 au 25 juin 2012

Le faux nous en fait voir. Autrement dit, il participe des dispositifs de faire-apparaître (et disparaître) dont différentes manières de voir, de savoir et de gouverner portent la marque. L’idée directrice est la suivante : ce faire-apparaître est régi par des économies du faux qu’il importe de reconstituer. Il s’agit de suivre la circulation des devises mises en jeu, qui font presque aussitôt l’objet de contrefaçons ; et de chercher quels processus permettent la domestication des faux (jetons) au cœur des systèmes collectifs d’interactions qui informent les jugements esthétiques, scientifiques, politiques ou moraux.

Une question est celle du coefficient de lisibilité et de déchiffrabilité affecté aux objets et aux sujets, plus et moins consciemment, afin de régir des formes de sensibilité, des opérations de savoir ou des arts de gouvernement. L’hypothèse de départ est qu’il existe une relation symbiotique entre les formalisations de la perspicacité légitime (papiers d’identité, agences d’experts, serpents monétaires internationaux, ...) et leur parasitage par la falsification. Ainsi (par exemple) la création d’un « peuple lisible » a-t-elle pu être considérée comme une matrice essentielle des raisons d’État développées à l’époque moderne. Cette lisibilité s’inscrit dans un paradoxe : tout occupé à créer des sujets déchiffrables, l’État déploie des moyens d’identification-authentification (langages, catégorisations, formatages), dont la reproductibilité technique produit, dans le même temps, l’inauthenticité ou son soupçon.

Plus qu’une histoire ou anthropologie des techniques du faux et de la contrefaçon, l’approche privilégiée ici est de saisir le faux dans la pluralité de ses champs d’action, d’explorer ses émergences, ses existences, ses effets de cadrage ; on s’intéressera aux opérations de trucage, aux impostures et à leur dépistage, mais aussi à la falsifiabilité en logique ou aux économies de la contrefaçon... Dans la filiation des travaux portant sur les épreuves de vérité et les régimes probatoires, on cherchera à identifier différentes situations de déploiement du faux comme outil (et le faussaire comme opérateur), de déstabilisations ou re-stabilisations – des objets, des cadres, des éthiques, des politiques.

Pour cette troisième année, le séminaire s’organisera de la manière suivante : pour chaque séance, un intervenant sera invité à soumettre un exercice sous la forme d’une proposition théorique élaborée dans le cadre de ses travaux ; cette proposition sera testée et discutée à partir des matériaux d’enquête des participants.

Séance du 16 janvier  : « Logique du vrai-faux, ou ce qu’il reste de la contradiction » (Laurent Dubreuil, Cornell University)

Mots-clés : Anthropologie, Épistémologie, Esthétique, Histoire, Historiographie, Linguistique, Philosophie, Sociologie

Suivi et validation pour le master : Obligatoire sur l’année (bi-mensuel)

Mentions & spécialités :

* Histoire et civilisations
(Séminaire de recherche M1S1 M1S2 M2S3 M2S4)

Centre : CETOBaC - Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques

Adresse(s) électronique(s) de contact : marc.aymes(at)gmail.com, christinejungen(at)gmail.com

Site web : http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2011/ue/1021/