1er et 3e lundis du mois de 11 h à 13 h (salle 9 - 105 bd Raspail - 75006 Paris), du 16 janvier 2012 au 18 juin 2012.
À l’aube du XXIe siècle, terres et semences, deviennent des marchandises échangées à l’échelle mondiale, dont la production et la régulation sont affectées par des politiques agraires aussi bien nationales que mondiales. Dans le même temps leur condition physique et leur matérialité constituent la base de toute pratique agricole et deviennent des enjeux de mobilisation politique dans un monde, qui se sent menacé par le changement climatique et le spectre de la faim. Ce séminaire s’intéressera aux visions du monde et du futur qui sous-tendent les pratiques quotidiennes de production agricole.
Il se penche autant sur les processus de standardisation et d’homogénéisation des pratiques de production que sur la différenciation des choix agricoles et sur les initiatives de valorisation et de réinvention du local, considérées comme un autre symptôme paradoxal de la globalisation. On s’intéressera autant aux dispositifs de marchandisation de l’agriculture et de l’alimentation (brevets sur les semences, accaparement des terres…), qu’aux mobilisations sociales et politiques, et aux filières de production et de commercialisation alternatives (circuits courts, luttes paysannes) qu’ils font émerger.
La réflexion théorique portera sur le rapport entre perceptions sensorielles, pratiques et visions du monde, en interrogeant l’impact des formes de commercialisation et de régulation, les configurations de mobilisation et de participation politique tout comme la vie des idées et des pratiques au quotidien. Les concepts émergeants de l’anthropologie de l’environnement seront alors enrichis par les débats qui dominent l’anthropologie politique et économique aujourd’hui.
Avant première du séminaire
La professeure Tania Murray Li, chair canadienne de recherche au département d’anthropologie de Toronto nous présentera ses recherches en cours.
Le papier est en Anglais et la discussion se déroulera en Français.
Lundi 7 novembre de 10 à 12 heures
Salle des séminaires du LAIOS, 190 av. de France, 75013 Paris, Noyau B, 5e étage
From mixed farms to industrial mono-crops : how palm oil and cacao are transforming landscapes, livelihoods and identities of agrarian populations in Southeast Asia.
The received knowledge about peasants insists that sustaining ecologically-stable mixed farms with an emphasis on food for local consumption is the most appropriate way to live. This is the form of production advocated by La Via Campesina and the global peasant movement. Yet across Southeast Asia former-peasant farmers are abandoning their mixed farms in favour of industrial mono-crops such as cacao and oil palm. Oil palm now covers millions of hectares in the region, and far from rejecting the crop, a great many smallholders are embracing it - especially if given the chance for a decent contract with the large plantation corporations. This paper will describe the transformations associated with crop-booms, and show that they are far deeper than simply a change in land use : they reshape landscapes, property regimes, and the identities of agrarian populations.
La Prof. Tania Murray Li a la chair canadienne de la recherche au département d’anthropologie de l’université de Toronto. Elle a
écrit sur l’émergence du mouvement des peuples indigènes de l’Indonésie, sur la réforme agraire, la formation des classes en milieu rural, des luttes autour des forêts et la conservation, la gestion des ressources communautaires et le déplacement forcé des populations. Elle a récemment publié The Will to Improve : Governmentality, Development, and the Practice of Politics (Duke University Press, 2007) et en 2011 Powers of Exclusion : Land Dilemmas in Southeast Asia. avec D. Hall et P. Hirsch. National University of Singapore Press/University.
Séance du 16 janvier 2012 - (salle 9, 105 bd Raspail)
Intervenante : Birgit Müller, Agriculteurs, terres et semences dans la globalisation (introduction)
Séance du 23 janvier 2012 - (salle 10 105 bd Raspail)
Intervenante : Marie Phliponeau, De l’ « indigène » au « cotonculteur », la création d’un pays cotonnier en Afrique de l’Ouest (cas du Burkina Faso) Le coton est au coeur des sociétés d’Afrique de l’Ouest depuis 10 siècles mais sa place et sa nature ont été profondément modifiées à la période coloniale transformant radicalement les rapports des paysans à leur terre, à leur territoire, à l’univers culturel et identitaire lié au coton.
Séance du 6 février 2012 - (salle 9, 105 bd Raspail)
Intervenant : Jean Foyer, Conserver les mais locaux au Mexique : des banques de gènes aux fêtes populaires
L’intervention abordera la question de la coévolution entre le maïs et la société mexicaine (avec une interrogation sur le statut d’acteur) et les différents statuts alloués au maïs selon le type d’acteur (agriculteur, paysan indigène, paysan indigène, différentes communauté scientifiques...)
Séance du 5 mars 2012 - (salle 9, 105 bd Raspail)
Intervenants : Christophe Bonneuil, Entre diversité bio-culturelle et réductionnisme moléculaire : la controverse sur la présence de transgènes dans les maïs mexicains.
Birgit Müller, Échappement de gènes et propriété intellectuelle : le colza au Canada
Séance du 19 mars 2012 - (salle 9, 105 bd Raspail)
Intervenants : Frédérique Jankowski (mars/avril) Les sols agraires sont-ils vulnérables au changement climatique ? Concertation et définitions de la vulnérabilité des sols au Sénégal.
Les sols agraires sont-ils vulnérables au changement climatique ? Concertation et définitions de la vulnérabilité des sols au Sénégal.
La séance portera sur les usages de la participation et des savoirs locaux pour la gestion concertée des ressources naturelles et examinera leurs inscriptions dans les pratiques de la recherche-action. Frédérique Jankowski présentera les différents facteurs responsables de la dégradation des sols agraires du point de vue des agriculteurs par rapport aux hypothèses de départ des actions participatives qui définissent la vulnérabilité des sols agraires uniquement par rapport au changement climatique et à la pression humaine.
Birgit Müller, Qu’est-ce que un sol vulnérable ? Classification des sols et enjeux du développement au Nicaragua
Elle discutera les résultats de recherche de Fréderique Jankowski à la lumière des pratiques de classification du sol observées au Nicaragua.
Références bibliographiques :
Barrera-Bassols N., Zinck J.A. (2003). Ethnopedology : a worldwide view on the soil knowledge of local people. Geoderma, 111, 171-195.
Campbell, J.B. (2005). Interdiscipinary research and GIS. Why local and indigenous knowledge are discounted, In Sillitoe P. et al. (eds), Participating in development. Approaches to indigenous knowledge, 189-205.
Lavigne-Delville P., Selamna N-E. et Mathieu M. (2002). Les enquêtes participatives en débat. Ambitions, pratiques et enjeux. Paris : GRET - Karthala - ICRA.
Sillitoe P. (1998). Knowing the land : soil and land resource evaluation and indigenous knowledge. Soil Use and Management, 14, 188-193.
Séance du 2 avril 2012 - (salle 9, 105 bd Raspail)
Intervenante : Ingrid Hall, Pommes de terre « natives » et conservation in-situ au Pérou. Quelle place pour les paysans ?
(Exposer les modalités de constitution de des collections nationales et internationales puis de les mettre en perspective avec les pratiques des paysans.)
Le Parc de la pomme de terre de Pisac apparaît tel qu’il est présenté l’archétype de la conservation in situ ; ce modèle est d’ailleurs prêt à être exporté ailleurs pour préserver d’autres plantes. Les paysans de 6 communautés regroupés en association gèrent le Parc et constituent des collections locales tout en préservant d’autres variétés « rapatriées » par le Centre international de la pomme de terre. Dans cette intervention, je propose de rendre compte de l’imbrication des différentes logiques qui prévalent aux pratiques de conservation des personnes et institutions qui "conservent" les variétés de pommes de terre. Nous envisagerons également la façon dont les savoirs paysans sont pris en compte dans ce processus de patrimonialisation du vivant.
Références bibliographiques :
* Boisvert, Valérie, Vivien, Franck-Dominique, 2010, « Gestion et appropriation de la nature entre le Nord et le Sud. Trente ans de politiques internationales relatives à la biodiversité », Revue Tiers Monde, n° 202(2), pp. 15-32.
* Roué, Marie, 2003, « ONG, peuples autochtones et savoirs locaux : enjeux de pouvoir dans le champ de la biodiversité », Revue internationale des sciences sociales, n°178, pp. 597-600.
* Verdeaux, François & Roussel, Bernard, 2006, « Y a-t-il un autochtone dans l’avion ? Des ethnies locales à l’autochtonie globale en passant par la gestion durable de la biodiversité », Autrepart, Vol. 36 (La globalisation de l’ethnicité), pp. 15-37.
Séance du 7 mai 2012 - (salle 9, 105 bd Raspail)
Intervenante : Élise Demeulenaere, Mouvement semences paysannes
Séance du 21 mai 2012 - (salle 9, 105 bd Raspail)
Projection débat :Tailler le Pied à la Sandale
Film écrit et réalisé par Frédéric Thomas (Ird), co-réalisation Philippe Elusse (Coopérative DHR). Durée 65 minutes en version beta.
Le film décrit le processus de « restauration » d’une variété ancienne de riz gluant, le Nếp Cái Hoa Vàng, dans le but de relier les producteurs d’un petit village du Delta du Fleuve Rouge (An Phụ) à la grande distribution dans le cadre d’un programme de recherche entre le CASRAD et le CIRAD (Programme Superchain). L’auteur, en observateur attentif des liens qui unissent l’évolution des plantes cultivées à leurs usages, dévoile ce que veut dire restaurer une variété dans le Vietnam d’aujourd’hui.
Séance du 4 juin
Intervenante : Elise Demeulenaere, Mouvements de réappropriation paysanne des semences : le discours à l’épreuve de la pratique
Séance du 11 juin 2012 - (de 10 h à 13 h, salle 3, 105 bd Raspail)
Intervenantes : Cindy Adolphe, Cafés et caféiers chez les Gedeo (Ethiopie), de l’arbre de l’envahisseur à la valorisation du patrimoine
Valeria Sinsicalchi, Normes, conflits et espaces économiques : le mouvement Slow Food entre Nord et Sud du monde
Séance du 25 juin 2012 - (salle 9, 105 bd Raspail)
Intervenants :
Régis BARBEAU, sociologue, animateur du groupe de travail Paysan en Pays Basque en 2010 »
Mikel HIRIBARREN, berger à Itxassou, membre du Comité national de la Confédération Paysanne
Julien ILADOY, animateur de la commission Petites fermes de la Confédération Paysanne
« Reconnaissance, soutien et maintien des petites fermes. D’une prise de conscience locale à une revendication européenne »
Les trois intervenants nous présenteront les conditions de production, la méthodologie et les résultats d’une enquête originale en Pays Basque portant sur les petites exploitations, enquête mise œuvre par des paysans et accompagnée par un sociologue. Cette recherche a donné lieu à des publications scientifiques et a engendré des reconsidérations politiques de la question des petites fermes envisagée à différentes échelles d’analyse et d’intervention.
Bilan des Séances du Séminaire « Agriculteurs, Terres et Semences dans la Globalisation » et annonce des activités pour l’année prochaine.
Mots-clés : Anthropologie, Biologie et société, Développement durable, Environnement, Politique, Rurales (études)
Aires culturelles : Amérique du Nord, Amérique du Sud, Contemporain (anthropologie du monde), Transnational/transfrontières
Centre : IIAC-LAIOS - Laboratoire d’anthropologie des institutions et organisations sociales
Renseignements : Lydie Pavilli-Baladine, IIAC-LAIOS, EHESS 190 ave de France 75013 Paris, tél. : 01 49 54 21 98, courriel : Lydie.Pavili-Baladine(at)ehess.fr
Réception : sur rendez-vous
Niveau requis : M1, M2
Site web : http://www.iiac.cnrs.fr/laios/spip.php?article206
Site web : http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2011/ue/1011/
Adresse(s) électronique(s) de contact : bmuller(at)msh-paris.fr