3e jeudi du mois de 15 h à 17 h (salle 8 - 105 bd Raspail - 75006 Paris), du 17 novembre 2011 au 21 juin 2012.
Salle 1 : 16/5
Salle 7 : 14/6
L’anthropologie politique est inséparable de certains travaux et de personnalités désormais considérés comme des « classiques » ayant apporté une contribution décisive au corps théorique de ce champ de recherches.
Les bouleversements politiques récents, ainsi que les dynamiques internes à l’espace académique, incitent aujourd’hui à un double mouvement, apparemment contradictoire : revenir vers les théories classiques dont d’aucuns estiment qu’elles n’ont pas épuisé leur potentiel scientifique, et remettre en cause ces mêmes théories, en regard d’une réalité renouvelée.
Le séminaire du Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales (LAIOS) s’attachera cette année à interpeller ces travaux et ces problématiques, à interroger leur valeur heuristique ici et maintenant. Il s’agira ainsi d’avancer vers une définition positive des tendances actuelles de l’étude anthropologique et socioanthropologique du politique.
Cette série de communications, et les débats qu’elles ne manqueront pas de susciter, ne peuvent se limiter à l’histoire étroite d’une discipline : l’ouverture, au principe de cette initiative, appelle la multiplication des regards propre au croisement des disciplines et des perspectives.
Les conférenciers (es) seront ainsi invités à éclairer, à travers des interventions centrées sur certains auteurs ou certaines de leurs analyses, ce qu’une telle revisite apporte à la dynamique de leurs propres recherches. À partir d’un terrain, d’une expérience, d’une posture théorique, il s’agira d’engager le débat avec la singularité de la pensée d’un auteur pour en souligner les forces, les faiblesses, les échos et, au-delà des contingences historiques de la production d’une œuvre singulière, en révéler le potentiel encore actif et souvent méconnu.
Séance du 17 novembre : Gianni Albergoni, CHSIM/EHESS, Paris
« Les tribus dans l’Etat : un modèle pour le monde arabe d’Ibn Khaldûn à Gellner »
Séance du 15 décembre : Arlette Farge, CRH/EHESS, Paris
« Autour de Foucault : pouvoir et espace privé »
Séance du 19 janvier : Alban Bensa, IRIS/EHESS, Paris
"Structure, culture et conjoncture chez de Marshall Sahlins"
Marshall Sahlins, pour rendre compte de l’événement et de ses modalités de traitement selon les sociétés, a avancé l’idée d’une « structure de la conjoncture », là où Lévi-Strauss suggérait plus globalement une « structure de la diachronie ». Toutefois, dans sa réponse très argumentée aux critiques d’Obeyesekere, Sahlins maintient l’idée d’une « culture océanienne » spécifique qui préexisterait à l’histoire. Oscillant entre la culture et la raison pratique, entre une approche anthropologique totalisante et un point de vue historique plus processuel, l’œuvre de l’anthropologue américain reste au milieu du gué. Peut-on dépasser cette contradiction ?
Séance du 16 février : Marcel Fournier, Université de Montréal, Canada
« Durkheim, Mauss et l’interdisciplinarité : sociologie et anthropologie »
La perspective durkheimienne est interdisciplinaire, avec la sociologie comme « pivot » des sciences sociales. La question qui se pose est celle des domaines spécifiques à chaque discipline et donc des frontières. Nous porterons notre attention sur les relations entre la sociologie et l’anthropologie (et l’ethnologie, l’ethnographie), fin X1Xe-début XXe siècle. Le neveu était, on le sait, plus proche de l’anthropologie que son oncle. D’ailleurs lorsqu’en 1950, Claude Lévi-Strauss a réuni des textes importants de Mauss en un ouvrage, il l’a intitulé : Sociologie et anthropologie. Une façon d’associer Mauss à la sociologie tout en le tirant vers l’anthropologie. Peut-on en conclure que Marcel Mauss était socio-anthropologue ?
Bibliographie :
Émile Durkheim :
De la division du travail social, Paris, Puf, 2007
Les règles de la méthode sociologique, Paris, Payot, 2009
Marcel Mauss :
Paris, Sociologie et anthropologie, Puf, 2010
Marcel Fournier :
Marcel Mauss, Paris, Fayard, 1994
Émile Durkheim, Paris, Fayard, 2007
Profession sociologue, Presses U Montréal, 2010
La Nation et le sens du social (à paraître aux PUF).
Séance du 15 mars : Birgit Muller, Laios, IIAC, EHESS-CNRS, Paris
« Mesure et perception sensorielles de l’environnement : lire Alexander von Humbolt à travers Tim Ingold »
Le grand explorateur et scientifique Alexander von Humboldt bien que admiré et honoré avait néanmoins une position controversée parmi les intellectuels français et allemands de son temps. Les positivistes français avec lesquels ils travaillaient de 1804 à 1827 à Paris l’accusèrent d’être fantaisiste et spéculateur tandis que ses contemporains allemands lui reprochèrent d’être borné sans imagination et uniquement guidé par sa rationalité. La controverse sur l’œuvre de Humboldt touche une question de fond de l’anthropologie environnementale aujourd’hui : comment rendre compte de la perception et de l‘interaction des hommes avec des environnements qui les changent et qui sont transformés par eux. Les réflexions de Tim Ingold sur la temporalité du paysage nous donnent une porte d’entrée.
Bibliographie :
Alexander von Humboldt, Tableaux de la nature,Nanterre , Editions européennes Erasme, 1990
Tim Ingold, The Perception of the Environment. Essays in Livelihood, dwelling and skill, London : Routledge 2000
Peter Hanns Reill, Vitalizing Nature in the Enlightenment, University of California Press 2005
Séance du 3 mai : Florence Delmotte, F.R.S-FNRS, Facultés Universitaires Saint-Louis, Bruxelles, Belgique
« Norbert Elias et la question de l’Etat dans le processus de civilisation. L’actualité européenne d’une sociologie historique du politique »
L’œuvre de Norbert Elias (1897-1990) peut être lue comme une tentative de penser ensemble, et dans la longue durée, l’évolution des structures mentales ou psychiques des individus et celle des structures sociales et politiques des entités qu’ils forment. De la question de l’émergence de l’État moderne en Occident aux problèmes théoriques posés par son dépassement sous la forme nationale, en passant par l’analyse des relations interétatiques et les controverses liées aux expériences totalitaires, l’on tentera de cerner ce qui fait l’actualité de la sociologie historique du politique d’Elias. On s’attachera plus particulièrement à discuter son approche de l’intégration européenne, tout à la fois marquée par le souci de demeurer « réaliste », sociologiquement, et par une orientation cosmopolitique forte qui la rapproche des théories politiques post-nationalistes.
Séance du 16 mai : Nicolas Auray, Sociologue, maître de conférence à Télécom ParisTech, membre associé du GSPM (IMM-EHESS)
"Les enjeux politiques autour de régimes d’apprentissage curieux : Simondon reconfiguré par les hackers ?"
L’intervention étudiera en quoi l’approche de Simondon peut représenter un recours salutaire pour dépasser quelques limites d’une sociologie de l’activité d’inspiration pragmatiste, lorsqu’elle est affrontée à des terrains autour de l’activisme lié au numérique et du militantisme de hackers. Autour de la théorie de l’individuation, son approche originale de la notion d’information permet de dépasser les critiques classiques du cognitivisme propres aux approches pragmatistes et situées. Elle permet de réévaluer la place du conflit et des tensions structurelles dans la conceptualisation du changement. D’autre part, autour de sa politique de l’encyclopédisme, la théorie de Simondon permet de réévaluer les médiations, normatives et institutionnelles, par lesquelles s’opère le passage entre le "micro" et le "macro" et elle contribue à exhiber certains enjeux d’une politique de l’auto-organisation. L’exposé se demandera en quoi cette théorie finalement peut contribuer au projet d’articuler le programme pragmatiste et le programme critique.
Séance du 14 juin : Michèle Le Doeuff, CRAL/EHESS, Paris
« Simone de Beauvoir : qu’est-ce qu’une jeune classique ? »
Michèle Le Doeuff est professeure des universités et directrice de recherche au Cnrs. Elle a publié plusieurs ouvrages dont Le Sexe du Pouvoir, (réed) 2000, l’Etude et le Rouet (réed) 2008, ainsi que de nombreux articles dans diverses revues. Elle interviendra sur une actualisation des questions de genre.
L’anthropologie politique est inséparable de certains travaux et de personnalités désormais considérés comme des "classiques" ayant apporté une contribution décisive au corps théorique de ce champ de recherches. Les bouleversements politiques récents, ainsi que les dynamiques internes à l’espace académique, incitent aujourd’hui à un double mouvement, apparemment contradictoire : revenir vers les théories classiques dont d’aucuns estiment qu’elles n’ont pas épuisé leur potentiel scientifique, et remettre en cause ces mêmes théories, en regard d’une réalité renouvelée. Le séminaire du Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales (Laios) s’attachera cette année à interpeller ces travaux et ces problématiques, à interroger leur valeur heuristique ici et maintenant. Il s’agira ainsi d’avancer vers une définition positive des tendances actuelles de l’étude anthropologique et socioanthropologique du politique. Cette série de communications, et les débats qu’elles ne manqueront pas de susciter, ne peuvent se limiter à l’histoire étroite d’une discipline : l’ouverture, au principe de cette initiative, appelle la multiplication des regards propre au croisement des disciplines et des perspectives.
Mots-clés : Anthropologie, Coloniales (études), Genre, Politique, Savoirs, Sociologie
Aires culturelles : Contemporain (anthropologie du, monde), Transnational/transfrontières
Centre : IIAC-LAIOS - Laboratoire d’anthropologie des institutions et organisations sociales
Site web : http://www.iiac.cnrs.fr/laios/spip.php?article87
Site web : http://www.iiac.cnrs.fr/laios/spip.php?article268
Site web : http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2011/ue/630/
Adresse(s) électronique(s) de contact : pbouvier(at)msh-paris.fr, jean-bernard.ouedraogo(at)ehess.fr