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ENVIRONNEMENT. ÉCOSYSTÈMES MATÉRIELS ET IMMATÉRIELS

A/ La physis

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Thème 1 : Biodiversité, durabilité, patrimonialisation de la nature.

Certains travaux antérieurs et pionniers des équipes fondatrices du IIAC (l’émergence de la problématique écologique et les politiques publiques en matière d’aménagement, la dimension politique de la question des pollutions, les parcs naturels, le paysage et la patrimonialisation de la nature) ont porté surtout sur l’Europe ou le monde développé.

Dans la période de référence, le IIAC développera et élargira ces recherches ainsi que d’autres, entamées notamment au Kenya et en Afrique de l’Est et portant sur les interactions complexes entre dynamiques environnementales, politiques publiques et pratiques sociales (ANR et autres réponses à appels d’offres, projet Marsabit).

Comment les groupes locaux, les pasteurs notamment, sont-ils affectés dans leur fonctionnement par les nouvelles conditions — patrimonialisation de la forêt, aridification, accès à l’eau ? Quels ajustements sont opérés, quelles nouvelles stratégies sont adoptées ? Comment les relations entre les groupes sont-elles modifiées ? Du fait même de la complexité des questions et des enjeux, ces recherches ne peuvent être menées que de manière profondément interdisciplinaire, l’anthropologie assumant la direction et orientant la problématique.

Chercheurs titulaires : Benoît Hazard, Ghislaine Richard, Émérite : André Bourgeot

Thème 2 : Entre Physis et Technê : Nouvelles ruralités, nouvelles urbanités.

L’effort de recherche et de réflexion de longue haleine autour de la question des nouvelles ruralités, du déplacement ou du brouillage des limites urbain-rural, des phénomènes dits de désertification, conduit à développer les projets concernant les nouvelles « figures du sauvage ». A travers la préservation ou la réimplantation de certaines espèces, il s’agit d’examiner leur perception, les enjeux et les conflits qu’elles cristallisent dans les régions concernées.

L’essentiel de la population mondiale vit d’ores et déjà dans les villes. Les nouvelles ruralités comme l’urbanité contemporaine conduisent à interroger l’évolution des formes de sociabilité, tant en milieu rural qu’urbain : les lieux de sociabilité des mégapoles urbaines comme les désagrégations ou reconfigurations dans les zones désertifiées. Là encore, la recherche s’étendra dans des régions du monde et des aires culturelles diverses, y compris africaines.

Urbanités : Milieux, Circulations, Inscriptions 

Dans un contexte de mondialisation, la ville est devenue, ainsi que l’écrit Saskia Sassen (dans sa Sociologie de la globalisation), « un site stratégique pour toute une série de nouveaux types d’opérations — politiques, économiques, culturelles et subjectives liées aux flux transnationaux » et pourrait agir comme « loupe de la théorie sociale ». Nées d’une intensification de l’orientation pour la coopération prise originellement par les sociétés humaines, les villes sont également devenues le lieu d’une prolifération inouïe de médiations entre humains et entre ceux-ci et leur environnement. Comment s’organisent, dans les contextes urbains, des densités et des diversités extraordinaires d’humains bien sûr mais aussi d’autres êtres vivants, d’objets et de processus techniques ?

Cette ambition théorique rend nécessaire un retour à la notion d’urbanité, une prise en compte selon différentes échelles des actualisations du fait urbain dans l’espace et le temps, de poursuivre la réflexion sur les collectifs mis en jeu par l’usage de cette notion.

Les différentes formes de cosmopolitisme informent et transforment les urbanités. Elles façonnent les spatialités et temporalités de la ville et se révèlent, de manière privilégiée, dans les lieux et des modes de sociabilité, les événements festifs et ludiques liés aux espaces urbains, les expressions narratives, symboliques et politiques des frontières et de leur dépassement. L’approche des lieux de sociabilité en relation avec les formes de l’anonymat et du cosmopolitisme devrait permettre de révéler des situations de décalages urbains et la pluralité des socialités et des subjectivations. Les pratiques de sociabilité consuméristes, par exemple, se transforment pour donner lieu à de nouveaux marchés et à des modes de réification puisant dans les entrelacs du passé et la construction de nouvelles « authenticités ».

En privilégiant une échelle d’observation réduite, un développement spécifique de notre réflexion s’intéressera prioritairement à la manière dont l’urbanité émerge d’un point de vue sensible. Comment la ville est-elle aussi un phénomène partagé ? Comment prend-t-elle corps dans des opérations où ce n’est pas tant le contenu linguistique et symbolique qui compte que la manière selon laquelle les objets, les relations, les pensées et les événements sont transformés, figurés puis perçus et sentis plus que pensés et compris ? Des corps humains et de la communication gestuelle (kinesthésie) à l’utilisation des machines et des réseaux en passant par de nombreux modes d’échange non verbaux (art, design, architecture, ergonomie), nous chercherons à mettre en évidence les différentes manières dont on établit et on entretient le contact dans et par notre milieu mais aussi ce que ces techniques disent des contextes socioculturels où elles sont développées.

Chercheurs titulaires : Franck Mermier, Christine Jungen, Catherine Choron-baix, Stéphane Rennesson, Liliane kuczynski, ; associée : Sophie Chevalier.

Thème 3 : Objets ordinaires et recyclage

La question du déchet permet de poser la question du changement de statut des produits en déchet et vice versa, autrement dit de prendre en considération la transformation et par là la définition subjective de son propriétaire de l’objet qui devient déchet ou inversement du déchet qui devient objet. Chaque nouvelle situation appelle une nouvelle définition. Il ne s’agira pas ici de s’arrêter seulement aux lieux dans leur spécificité distinctive pour étudier les produits (objets ordinaires) se transformant en déchets, mais d’être attentif à la circulation plus générale de ces objets, dans le mouvement qui s’effectue de l’un à l’autre lieu et vice versa. C’est en effet en passant par des étapes spatio-temporelles que nous arriverons à caractériser le statut du déchet, à cerner plus largement aussi le cycle de vie des objets : ce qui fait qu’il se transforme un jour en déchet, ce qui fait qu’il revient un jour en objet (produit utilitaire), ce qui fait qu’il finit sa carrière de déchet...

Chercheurs titulaires : Octave Debary, Anne Monjaret