1er, 3e et 5e jeudis du mois de 11 h à 13 h (salle 7, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 29 octobre 2015 au 21 janvier 2016
Dans l’histoire de l’anthropologie et l’ethnologie, l’étude des activités humaines, c’est-à-dire des interactions entre les sociétés et leurs environnements, occupe depuis longtemps une place centrale. Dans la période récente, l’étude de ces mêmes activités a mis à jour de nouveaux objets qui, liés à l’émergence d’un référentiel environnemental dans les politiques publiques, se caractérisent par la complexité des interactions qu’ils mettent en jeu et nécessitent des approches et des méthodes renouvelées. « Décroissance » ou « croissance verte », « finitude et épuisement des ressources », « accaparement » ou « durabilité », « climat », « transition énergétique », sont autant de termes qui esquissent l’espace des débats, des controverses scientifiques et des terrains d’une ethnographie des situations critiques dans lesquels les anthropologues sont appelés à se mouvoir.
Désignant une nouvelle ère géologique qui succède à l’holocène et qui est marquée par l’influence de l’homme sur le système terrestre, l’anthropocène illustre la place prise par les débats environnementaux et par les sciences de la terre dans les discours et les pratiques scientifiques. Cette thèse inédite, sorte d’injonction posée aux sciences humaines de construire des réponses pour faire face aux questions socio écologiques posées avec urgences, ré interroge pour les relations entre l’homme et ses productions de la nature ? Quelle est la nature de cette injonction ? Comment lire cette thèse au regard des controverses entre anthropologie et socio biologisme ? Quels sont les paradigmes des sciences sociales permettant de repenser les rapports entre les sociétés et leurs natures, voir leurs environnements ? Comment l’anthropologie, discipline qui interroge à la fois les structures et les ruptures, se positionne face à cette thèse qui décrit des passages historiques à l’échelle temporelle des évolutions du système terre et dont les effets sont durables pour le devenir, non seulement des sociétés humaines, mais plus largement des socio systèmes ?
Pour la troisième année consécutive, l’atelier suggère que l’anthropocène ne transforme pas l’anthropologue en chroniqueur anecdotique du présent, mais que l’anthropologie peut rendre compte des interactions complexes des phénomènes qui documentent cette thèse. En poursuivant notre enseignement sur la trace des généalogies et des historicités possibles de la notion, nous poursuivrons l’exploration des travaux et des démarches, comme celle de l’anthropologie écologique et de l’écologie politique, qui, depuis longtemps, placent l’environnement (biodiversité, patrimonialisation de la nature, ruralités, pollutions industrielles) au cœur de la recherche en sciences sociales. L’atelier travaille à la fois sur des scènes où se nouent des enjeux environnementaux, politiques et sociétaux, et sur des textes. En lien avec l’équipe européenne du projet de recherche REAL (Resilient pasts and sustainable futures ? The long-term social-ecological dynamics of East African landscapes in temporal, spatial and social perspectives, Programme de formation initiale, Marie curie) et l’Ecole d’architecture de Paris, un accent plus spécifique l’accent sera mis, d’une part, sur l’étude des dynamiques socio écologiques et des phénomènes associés à l’anthropocène, et d’autre part, sur la manière dont d’autres disciplines (architecture, urbanisme) intègre cette problématique dans une réflexion plus large sur les paysages de l’anthropocène.
Abstract
Historically, anthropology refers to the study of human activities, i.e. as a mirror of interactions between societies and their environment. In the recent past, research on human activities have enlightened new objects that are strongly linked with the “mainstreaming” of an « environmental repository » in public policies and are characterized by the complexity of interactions. Globalization, limits of growth, scarcity of resources, climate change are drawing new spaces for scientific debate and controversies as well as fields for a new ethnography of critical situations. As new geological era reflecting the influence of humans on the Earth system, or “man as the main geological force of the Earth system”, the anthropocene would have started with the industrial revolution of the eighteenth century and would succeed to the era of the Holocene. As such, the Anthropocene illustrates the role played by the environmental debate and the earth sciences in scientific discourse and practices. This uncommon thesis, as an injunction to humanities to cope with future socio-ecologies, re-examines how man has for long produced nature. To account for the complex interactions that interplay in the Anthropocene and to suggest that they do not turn the anthropologist to an anecdotal chronicler, the workshop explores anthropological research that have for long discussed environmental topics (biodiversity, patrimonialisation of nature, industrial pollution…). To frame the debates and challenges due to the thesis of the Anthropocene, the workshop will present many scenes of anthropology by reading of texts and by making exercises in relation with dynamic socio ecological landscapes and ecosystems. It will show the need to combine interdisciplinary approaches with a detailed ethnographic survey and try to show how this context renews the relationship between anthropology and archeology of the Holocene.
In connection with the European research network REAL (Resilient pasts and adaptation of East African Landscape in temporal, spatial and social perspectives, Initial Training Program, Marie Curie), the workshop focuses on anthropological and arachaeological studies located in Africa.
Mots-clés : Anthropologie, Capitalisme, Développement durable, Environnement, Histoire environnementale, Paysage, Spatialisation, territoires,
Voir en ligne : http://www.ehess.fr/fr/enseignement...