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L’ethos démocratique contemporain en questions

par Vanhoenacker - publié le

Séminaire TRAM (IIAC) 2016

L’ethos démocratique contemporain en questions

Lynda Dematteo, chargée de recherche au CNRS ( IIAC-TRAM )
Marie Ladier-Fouladi, directrice de recherche au CNRS (TH) ( IIAC-TRAM )
Catherine Neveu, directrice de recherche au CNRS (TH) ( IIAC-TRAM )
Maxime Vanhoenacker, chargé de recherche au CNRS ( IIAC-TRAM )
Sophie Wahnich, directrice de recherche au CNRS (TH) ( IIAC-TRAM ) (enseignante référente pour ce séminaire)

Vendredi de 9 h à 13 h (salle du Conseil B, R-1, bât. Le France, 190 av de France 75013 Paris), les 8 janvier, 12 février, 11 mars, 8 avril, 13 mai et 10 juin 2016

Le séminaire du TRAM poursuivra cette année son enquête sur l’ethos démocratique contemporain selon trois axes qui seront travaillés dans un rapport passé/présent : « intelligences démocratiques », « expériences de citoyenneté » et « subversions de l’ethos démocratique ».

L’objectif de ce séminaire collaboratif et pluridisciplinaire est de réinterroger au regard des transformations des mondes contemporains, ce qui fonde l’attente démocratique, mais aussi ce qui la rend fragile, ce qui lui fait obstacle, comme ce qui la consolide.
Si l’analyse des enjeux démocratiques contemporains est l’objectif ultime, nous souhaitons également travailler sur des laboratoires qui fonctionnent en régime d’anachronisme contrôlé partant du présent, puisant dans différents passés des questions neuves à poser à ce présent.

Pour mieux intégrer l’objectif de formation à la recherche par la recherche et favoriser la construction d’un savoir collectif, l’organisation des séances du séminaire TRAM sera modifiée cette année. Chacune des six séances de quatre heures suivra une trame inédite.

=> Les deux premières heures seront consacrées à l’écoute puis à la discussion d’une communication proposée par un intervenant sollicité par l’équipe TRAM (voir programme ci-dessous). Un texte relatif à cette communication (article, chapitre d’ouvrage…) sera proposé en lecture aux participants en amont de la séance.

=> Les deux heures suivantes, animées par un membre de l’équipe TRAM, seront dédiées à l’élaboration d’une discussion scientifique et de sa synthèse (orale puis écrite). Il s’agira d’élaborer collectivement un raisonnement à partir de la communication et du texte présentés lors des deux premières heures et de leur mise en perspective par un second texte diffusé en amont et choisi pour sa pertinence sur le thème abordé. Les étudiants suivant ce séminaire seront largement associés à la construction de ce raisonnement. L’investissement dans ce travail de synthèse et sa restitution lors de la séance suivante constitueront notamment le travail de validation du séminaire.

Programme des séances :

Séance du 8 janvier 2016 : Frédérique BERTHET (Université Paris Diderot)
« Au cas par cas, dans l’analyse : un pour tous, tous pour un ? »

Cette proposition vise à réfléchir à la portée heuristique et méthodologique de l’analyse au cas par cas dans le champ des études historiques et cinématographiques. Des recherches sont fondées sur un rapprochement de focale, du passage du plan d’ensemble au plan rapproché pour isoler des sujets dont la trajectoire ainsi détourée va permettre en retour de repenser les objets. Le champ bibliographique est désormais étoffé, et on donne ici deux noms parmi d’autres pour faire socle de références en sciences humaines et en esthétique : celui de Carlo Ginzburg pour la « micro-histoire » et celui de Daniel Arasse pour la valorisation du « détail ». Deux textes plus directement liés à mon travail récent seront mis en partage pour cette séance : (1) « Changer d’échelle pour renouveler l’histoire de la Shoah », l’introduction de Tal Bruttmann, Ivan Ermakoff, Nicolas Mariot et Claire Zalc au numéro de la revue Le genre humain intitulée « Pour une microhistoire de la Shoah » qui vise à repenser et renouveler les découpages hérités de l’historiographie (Seuil, 2012) et (2) « L’impossible mot de la fin - de la fiction et du témoignage », un article paru dans le dossier consacré à « La fin de l’histoire » par Paule Petitier et Sophie Wahnich pour la revue Ecrire l’histoire (Université Paris Diderot-Paris 7/CNRS, 2015), un texte qui permettra de réfléchir à la manière dont l’imagination propre à une cinéaste et la matérialité d’un film circonscrit peuvent transmettre du savoir en ouvrant le singulier sur du pluriel.

Séance du 12 février 2016 : Jérémie FOA (Aix-Marseille Université, CNRS)
« Survivre dans une guerre civile. L’exemple des guerres de religion »

Alors que de nombreux pays, comme le Soudan du Sud ou la Syrie, sont actuellement ravagés par la guerre civile, il est particulièrement fascinant de découvrir, à quelques siècles de distance, les politiques royales de pacification dans un contexte de haines religieuses en France. Comment sortir d’une guerre civile ? Et comment vivre alors avec l’ennemi de la veille, partager une même ville avec lui, habiter le même quartier, la même rue ? Ces questions d’actualité se posèrent avec une dramatique urgence au roi Charles IX et à sa mère Catherine de Médicis au début des guerres de Religion (1560-1572) et au cours des luttes fratricides qui opposèrent catholiques et protestants. 
Foa, J., "En finir avec la coexistence. Survivre au massacre de la Saint-Barthélemy (1572)" dans Catherine Maurer et Catherine Vincent (dir.), La coexistence confessionnelle en France et en Europe germanique et orientale du Moyen Age à nos jours, Chrétiens et sociétés, 27, 2015, p. 269-284. 
Foa, J., Le tombeau de la paix. Une histoire des édits de pacification, 1560-1572, Limoges : Presses Universitaires de Limoges, 2015.

Séance du 11 mars : Lynda DEMATTEO (CNRS, IIAC/TRAM)
« Patriotismes en contexte. Radicalisation et appels à la modération dans l’Ouest américain »

Le Montana passe pour l’Etat le plus patriotique des États-Unis. En suivant les représentants locaux de cet État rural du Nord-ouest, nous chercherons à saisir les liens qui se nouent entre la citoyenneté et le patriotisme dans leurs dimensions sensibles. Comment se construit l’appartenance communautaire dans ce contexte ? Et plus précisément, comment la communauté en tant qu’ethnos conditionne-t-elle la constitution du demos ? Dans l’Ouest, l’autre c’est traditionnellement l’amérindien et l’exclusion fonctionne sur l’opposition civilisation/sauvagerie. Il s’agira, tout d’abord, d’appréhender les modes de construction de la citoyenneté et de l’espace public dans les anciennes communautés de pionniers où le mot community est fortement investi : les actions en faveur du collectif sont encouragées dès le plus jeune âge et l’engagement envers la communauté peut aller jusqu’au sacrifice de soi dans l’action militaire. Nous aborderons ensuite le basculement qui s’opère, au sein même du Parti Républicain, dans la radicalisation anti-fédérale et les fractures que cela génère entre tea partiers et « responsables ».
texte pour la séance :
Magali Boumaza, Aurélie Campana, Enquêter en milieu « difficile ». Introduction, Revue Française de Science Politique 2007/1 (Vol. 57), p. 5-25

séance du 8 avril 2016 : Silyane LARCHER (CNRS, URMIS)
« "Des luttes antiracistes contemporaines fracturées : quels enjeux pour poser la question raciale en France ?" »

Les émeutes des quartiers populaires de l’automne 2005 ont légitimé aux yeux d’un certain nombre de chercheurs en sciences sociales la prise en compte de la « question raciale » dans l’agenda de recherche sur les inégalités sociales dans la société française (Fassin & Fassin, 2006). En témoigne l’essor des travaux consacrés aux discriminations racistes ces dernières années, mais aussi des publications consacrées aux « populations noires » de France qui, de manière tacite, invitent à lire ladite question raciale essentiellement au prisme de la color line américaine. Dans quelle mesure cette importation mécanique ne contribue-t-elle pas à simplifier, voire à rendre illisibles, les mécanismes sociaux à l’œuvre derrière la racisation des personnes non-blanches en France ? Par ailleurs, au regard de la complexité qu’a pu revêtir la production de la « race » (la plurivocité de son déploiement) dans l’ex-empire colonial français notamment, quels outils théoriques pouvons-nous penser aujourd’hui de manière à prendre au sérieux l’idée d’une question raciale « à la française », mais aussi nous prémunir aussi de la menace grandissante d’une « guerre des races » ? L’enjeu théorique, mais aussi démocratique, d’une telle question réside autant dans l’exigence d’émancipation des personnes racisées que dans l’impératif de penser à nouveaux frais les conditions sociales de l’égalité des citoyens (l’accès aux et le partage des droits). C’est à une telle réflexion que voudrait inviter la lecture critique des deux textes donnés aux participants du séminaire : l’un sur les implications de « l’affaire Exhibit B » entre octobre et décembre 2014, l’autre sur la fabrique institutionnelle de la « race » qui permit, dans les Antilles françaises post-esclavagistes, d’assigner les anciens esclaves devenus citoyens hors du droit commun.
Textes pour la séance :
- Larcher, S., « Troubles dans la "race". De quelques fractures et points aveugles de l’antiracisme français contemporain », L’Homme et la société, à paraître, 2015.
- Larcher, S., Silyane Larcher, « L’égalité divisée. La race au cœur de la ségrégation juridique entre citoyens de la métropole et citoyens des "vieilles colonies" après 1848 », Le Mouvement Social 2015/3.

séance du 13 mai 2016 : Catherine NEVEU (CNRS, IIAC/TRAM)
« Enquête et engagement, ou la chercheure comme citoyenne ? »

A partir d’une recherche en cours auprès de centres sociaux, il s’agira de s’interroger sur les articulations et tensions entre observation et engagement. Ce dernier terme ne sera pas, ou pas uniquement, pris dans les termes classiques de l’engagement pour une cause, mais servira plus à ouvrir des interrogations sur les formes de l’ethos démocratique dans des relations entre acteur.es, dont les chercheur.es font partie, et sur les possibilités d’une "science citoyenne"

séance du 10 juin 2016 : séance en construction