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Séminaire de l’axe « culture » de l’IIAC 2014-2015

par Chrystèle Guilloteau - publié le

  • Évelyne Ribert, chargée de recherche au CNRS
  • Sylvie Sagnes, chargée de recherche au CNRS

2e jeudi du moisde 17 h à 19 h (salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 13 novembre 2014 au 9 avril 2015. Séance supplémentaire le 19 mai

Au nombre des quatre axes transversaux qui structurent l’IIAC, l’axe Culture privilégie, parmi les définitions qui s’attachent à son objet, celle qui entend la culture au sens d’un ensemble de biens, mis à distance physiquement et symboliquement. Observable aux quatre coins du monde, le geste de dissociation et d’élection qui préside à son instauration offre le spectacle d’une véritable mutation anthropologique, diversement saisissable : par les réceptacles de la valeur culturelle (notamment les arts et le patrimoine) ; par les enjeux politiques constitutifs des processus d’institution ; par, enfin, le regard réflexif que nous pouvons porter sur notre propre discipline en tant qu’actrice de cette démarcation. Attentif à rendre compte de ce vaste éventail d’approches, le séminaire de l’axe se veut un lieu et un moment de rencontres et d’échanges, autour de travaux, individuels ou collectifs, en voie de finalisation (thèses, rapports de recherche, ouvrages, essais, films). S’y exprimeront, aussi bien à titre d’intervenants que de discutants, doctorants, post-doctorants et chercheurs du laboratoire.

Jeudi 13 novembre 2014 : La discussion portera sur une partie de la thèse de Marie Glon (doctorante EHESS, IIAC — Équipe CEM), Former un danseur-lecteur : audaces et angoisses vis-à-vis d’une autonomie inédite (XVIIIe siècle)
Discutant : Sophie Maisonneuve (maîtresse de conférence, Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, IIAC — Équipe LAHIC
Dans sa thèse d’histoire, (Les Lumières chorégraphiques. Les maîtres de danse européens au cœur d’un phénomène éditorial (1700-1760), sous la direction de Georges Vigarello, soutenance en décembre prochain), Marie Glon cherche à comprendre le mouvement d’édition qui se déploie en Europe, durant deux tiers de siècle, à partir de la Chorégraphie — « art de décrire la danse » dont les principes sont publiés à Paris en 1700. Grâce à cet art scripturaire sont publiées plusieurs centaines de « danses gravées », objets à la lisière de l’écriture et de l’image, dont le déchiffrage est destiné à mettre en mouvement le corps de l’usager. Lors de cette séance, elle se penchera sur les utilisations de ces « danses gravées » et sur les débats qu’elles ont occasionnés, qui révèlent des expériences novatrices quant à l’autonomie du lecteur-danseur postulé par ces objets.

11 décembre 2014 : Daniel Fabre (IIAC/LAHIC), Bataille à Lascaux. Comment l’art préhistorique apparut aux enfants, Paris, L’échoppe, 2014.
Discutant : Yoann Moreau (IIAC/CEM)

Dans son Lascaux ou la naissance de l’art, publié en 1955, Georges Bataille formule trois questions majeures. Dépassant la thèse d’une fonction magique des œuvres préhistoriques, il interroge les raisons d’un art en qui l’humanité de l’homme s’est accomplie. Il médite ensuite le paradoxe d’artistes qui rendent d’une main très sûre un hommage plastique aux animaux tout en excluant de la représentation leur propre visage. Il suggère aussi qu’une étrange coïncidence historique a permis que ces images, invisibles pendant des millénaires, s’éveillent sous des yeux d’enfants. Daniel Fabre, dans cet essai sur une des plus stupéfiantes épiphanies de « l’autre de l’art », prend au pied de la lettre l’insistance sur l’apparition, la profondeur affirmée de l’énigme et le choix final du silence sur la scène la plus secrète de Lascaux centrée sur le désir d’un garçon nu. Il nous découvre un Georges Bataille pour qui l’avènement de l’art devient l’objet crucial de toute anthropologie.

8 janvier 2015 : Noël Barbe (IIAC/LAHIC) et Marina Chauliac (IIAC/CEM) (éd), L’immigration aux frontières du patrimoine, Paris, Éditions de la MSH, 2014.
Discutante : Véronique Bontemps (IIAC/LAU)

En dépit du flou qui l’entoure, utiliser le terme de mémoire s’agissant de l’immigration semble aujourd’hui aller de soi. Qu’en est-il du patrimoine de l’immigration ? Le patrimoine apparaît-il quand la mémoire sort de l’espace privé pour entrer dans le domaine public ? Est-il une forme cristallisée et institutionnalisée de la mémoire ? Est-il soluble dans la mémoire ? Au-delà d’une indispensable clarification des termes, s’interroger sur l’articulation mémoire, patrimoine et immigration nécessite d’en comprendre les enjeux dans le débat public. La patrimonialisation ne peut être regardée indépendamment ni des attentes et des luttes pour la reconnaissance des immigrés, ni de son usage par les pouvoirs publics comme instrument de pacification.
Des enquêtes menées dans le sud-ouest de la France, dans le Centre, en Lorraine, en Franche-Comté ou encore à Paris et à Nanterre analysent le regard des acteurs de la mémoire de l’immigration (associations, artistes, chercheurs...), questionnant les rôles et les stratégies développées par chacun et bousculant nos cadres d’interprétation.
http://www.editions-msh.fr/livre/?GCOI=27351100253440

12 février 2015 : Franck Beuvier (IIAC/LAHIC), Danser les funérailles. Associations et lieux de pouvoir au Cameroun, Paris, Éd de l’EHESS, 2014.
Dans les chefferies bamiléké de l’Ouest du Cameroun, les manifestations artistiques les plus singulières sont aujourd’hui le fait d’Associations culturelles de danse traditionnelle qui se produisent essentiellement à l’occasion des funérailles. Des ensembles diversifiés, offrant au public chorales, performances d’inspiration sportive, créations chorégraphiques, jeux d’acteurs et de masques tenant parfois du spectacle de rue, ou encore performances à forte connotation rituelle, impliquant des actes sacrificiels.
Ces associations, ou « groupes de danse », sont animées par des jeunes, par des cadets sociaux, dont l’anthropologie des Grassfields a longtemps considéré qu’ils représentaient une population asservie, contribuant à la reproduction de la hiérarchie palatine et de l’institution de la chefferie. Ce livre propose une relecture de leurs parcours au XXe siècle, en dressant un panorama inédit du tissu associatif qui compose la chefferie, et de ses acteurs ordinaires qui vont écrire l’histoire contemporaine du Cameroun et de la province bamiléké.
L’auteur brosse ce tableau de l’action collective par touche successive, en s’arrêtant sur les temps forts qui ont marqué la vie associative : l’insertion dans la société coloniale, la création des chefferies urbaines, l’avènement des labels de spectacle, les orientations de la politique culturelle d’État et la naissance des associations de danse traditionnelle, les visages de la guerre d’indépendance en pays bamiléké, les formes de la lutte armée, les procédures rituelles enfin, générées par ce conflit. De la danse à la guerre, les réunions bamiléké incarnent le cadre de l’action et confèrent à leurs membres un statut resté méconnu au regard de l’institution de la chefferie
http://editions.ehess.fr/ouvrages/ouvrage/les-maitres-des-funerailles/
Discutant : Jean-François Gossiaux (IIAC/LAIOS)

12 mars 2015 : Chan Langaret (IIAC/LAIOS), à propos de sa thèse « De la personne aux personnages, une socioanthropologie de l’acteur »
Discutante : Sylvie Roques (IIAC/CEM)

Résumé : Dans sa thèse de sociologie "De la personne aux personnages, une approche socioanthropologique de l’acteur", sous la direction de Pierre Bouvier, Chan Langaret explore la façon dont les acteurs composent des personnages : personnage fictionnel tout d’abord, comme composition imaginaire incarnée sur la scène de spectacle ; personnage social ensuite, qui se positionne dans un univers personnel et professionnel ; personnage public enfin, tel qu’il est exposé sur la scène médiatique. Lors de cette séance, il proposera un détour par les carrières des comédiens, depuis la vocation initiale de l’artiste jusqu’à son expression multiple dans les domaines du spectacle. A travers ces trajectoires, il évoquera la façon dont ces artistes se positionnent, consciemment ou non, dans ces différents espaces d’expression.

9 avril 2015 : La discussion portera sur l’ouvrage de Christine Laurière (IIAC, équipe LAHIC) « L’Odyssée pascuane. Mission Métraux-Lavachery, Île de Pâques, 1934-1935 », Les Carnets de Bérose, n° 3, Lahic/DPRPS-Direction des patrimoines, 2014 http://www.berose.fr/?L-Odyssee-pascuane-Mission-Metraux

Discutante : Anne Raulin, Université Paris Ouest-Nanterre et IIAC/LAU

Portée sur les fonts baptismaux par une hypothèse sensationnelle qui laissait augurer la découverte d’une écriture néolithique, la mission franco-belge Métraux-Lavachery à l’île de Pâques tint toutes ses promesses, mais d’une façon inattendue qui mit en déroute ses parrains en ce qu’elle les désavoua. Alfred Métraux et Henri Lavachery accostèrent fin juillet 1934 dans un lieu lourdement chargé d’histoires, indigène, coloniale, scientifique, qui s’enchevêtraient étroitement pour conférer à l’île de Pâques le statut de paradis perdu, a fortiori pour des ethnologues avides de pureté culturelle, d’authenticité inviolée. En 1934, les deux savants eurent affaire à une société déjà très ethnologisée, un « vieil os rongé » (Métraux) qui mettait au défi l’impératif de sauvetage ethnographique à la racine de toute mission ethnographique dans ces premières décennies du XXe siècle. C’est peu de dire que les conséquences des terribles exactions perpétrées dans les années 1860, la situation coloniale de l’île de Pâques, son statut de lieu mystérieux qui aimante explorateurs et savants, affectaient puissamment la façon dont le savoir ethnographique était recueilli auprès des informateurs indigènes - tout autant que la nature même de ce savoir.
Valorisant de nombreuses archives inédites, cet ouvrage fait une large place à la restitution du déroulement pratique de la mission, insistant tout particulièrement sur la qualité de la relation ethnographique nouée avec Juan Tepano et Victoria Rapahongo. Il rappelle l’importance des recherches archéologiques et ethnologiques menées par Alfred Métraux et Henri Lavachery en les resituant dans leur contexte, la vigueur de la polémique sur la nature du rongorongo, et le statut ambigu accordé à la production contemporaine d’objets d’art pascuan.
Comptant parmi les missions ethnographiques françaises des années 1930 effectuées hors du pré colonial français, la mission Métraux-Lavachery propulsa définitivement les études rapanui sur une orbite scientifique internationale.
Cet ouvrage est le troisième volume des Carnets de Bérose, une collection éditée électroniquement par le Lahic et le département du Pilotage de la recherche et de la politique scientifique de la Direction générale des patrimoines (ministère de la Culture). Il fait partie d’une série consacrée aux missions, enquêtes et terrains des années 1930.

19 mai 2015  : Sophie Brones (IIAC/LAU), « Les archives photographiques de la reconstruction de Beyrouth. Entre patrimonialisation et promotion d’un art contemporain »
Discutante : Sophie Wahnich (IIAC/TRAM)
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