Filmer le champ social
Daniel Friedmann, chargé de recherche au CNRS (*) ( IIAC-CEM )
Monique Peyrière, ingénieure d’études à l’Université d’Évry-val-d’Essonne ( IIAC-CEM )
3e mercredi du mois de 15 h à 18 h (salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 16 novembre 2016 au 21 juin 2017. Séance supplémentaire le 14 décembre (même heure, amphithéâtre François-Furet, même adresse)
Filmer la vulnérabilité du monde. Pratiques filmiques et réflexivité en sciences sociales
Si les pratiques des réalisateurs de films documentaires se différencient de celles des chercheurs en sciences sociales dans leurs méthodes, leurs questionnements et leurs écritures, il est pourtant un moment où elles se croisent de manière féconde : celui de l’immersion dans un terrain d’enquête. Filmeurs et chercheurs partagent alors les mêmes incertitudes. Certains d’entre eux adoptent des protocoles stricts d’observation, interrogent la juste distance susceptible de construire un « point de vue », un « regard » ; d’autres cherchent des manières différentes d’opérer au nom de leur engagement citoyen : comment donner sens à ce qui se passe là, à plusieurs ? Comment penser/filmer, entre égaux, une dramaturgie du « réel » ? Terrains fragiles pour réfléchir une éthique d’équité démocratique.
Le film exhibe ce que le texte sociologique tend à refouler, le visage et le corps du sujet pensant. Fort de cette hypothèse, le séminaire « Filmer le champ social » a, l’an passé, proposé une programmation de films en réponse à cette question insistante : « Peut-on filmer la pensée ? ». Dans un mouvement de renversement, le séminaire souhaite désormais, au cours de l’année 2016-2017, réexaminer les situations d’enquête en immersion, à partir des pratiques cinématographiques actuelles.
Il accueillera les équipes qui filment ceux qui cohabitent dans un monde complexe, d’exclusion, de relégation, de rébellion, non pour accompagner un travail social ou thérapeutique mais bien pour interroger « avec » eux ce qui fait rupture, sens et nœuds pour tous, la texture d’une expérience polyphonique. Prolégomènes à des écritures cinématographiques singulières, politiques, comme un "possible" !
Le séminaire est associé à une initiative étudiante : le ciné-club PSL-Filmer le champ social, qui organise des cinés-débats au cinéma Le Champollion (75005) le 3e lundi du mois, à 20 h, en présence des cinéastes documentaristes.
16 novembre 2016 : Filmer en immersion dans un quartier populaire, en présence des cinéastes Manon Ott et Gregory Cohen
Présentation de deux films en cours par Manon Ott et Grégory Cohen réalisés avec les habitants d’un quartier populaire de la ville des Mureaux en région parisienne. Tous deux cinéastes et doctorants à l’Université d’Evry, ils ont commencé à travailler aux Mureaux il y a près de six ans, au travers de leurs recherches, d’ateliers de cinéma et de photographie, avec les habitants de ce quartier, où ils ont également habité. Ils y préparent actuellement deux films, l’un en documentaire (Les Cendres et la Braise), l’autre en fiction (En mode loveur).
Projection d’extraits du film en cours de Manon Ott, Les Cendres et la Braise, suivie d’une discussion avec les deux cinéastes et chercheurs : portrait politique et poétique de ce territoire ouvrier en mutation, le film part à la rencontre de ses habitants, à l’écoute de leurs paroles, de leurs révoltes et de leurs quêtes de liberté.
Photogramme du film en cours "Les Cendres et la Braise".
Le film en cours de Grégory Cohen, En mode loveur, sera présenté lors d’une prochaine séance du séminaire.