Landscape in the Anthropocene
5-8 décembre 2016
Colloque international organisé par Benoit Hazard, IIAC-CNRS/EHESS & Ueru Tanaka, RIHN-Kyoto
AFFICHE
en collaboration avec le IIAC (UMR 81 77 CNRS-EHESS), le Research Institute for Humanity and Nature (Kyoto) et la Fondation France-Japon de l’EHESS.
L’anthropocène, nouvelle ère géologique caractérisée par la puissance des facteurs anthropogéniques à agir sur le devenir du système terre, illustre la place prise par les débats environnementaux et par les sciences de la terre dans les discours et les pratiques scientifiques. Sortie d’une bulle d’air enfouie dans les profondeurs polaires, ce changement de régime est apparu, de façon concomitante, avec l’émergence des sciences du climat, la mise en évidence de l’appauvrissement de l’ozone atmosphérique et l’augmentation des gaz à effet de serre comme principe actif du réchauffement climatique. Construit comme un discours global par les sciences de la terre, cette thèse, véhicule la vision générique d’un homme prométhéen agissant comme « force (géologique) » destructrice de la nature. L’homme, grand ordonnateur de l’architectonique de la planète, mettrait en péril Gaïa, c’est-à-dire un système terre au sein duquel les différentes composantes, imaginées comme un super-organisme vivant, sont interconnectées et interagissent les uns avec les autres.
Cette thèse inédite, sorte d’injonction posée aux sciences humaines de construire des réponses pour faire face aux changements socio-écologiques, réinterroge les relations entre l’homme et ses productions de la nature. Comment les sciences humaines et sociales, dont le questionnement porte sur des passages historiques analysés en terme de structures, de dynamiques, de persistance et de rupture des systèmes socio-écologiques situés dans le temps et dans l’espace, se positionne face à ce nouveau paradigme ? En suivant le paradigme de l’anthropocène, ne coure-t-on pas le risque de situer les humanités dans l’orbite des sciences de la terre et des géo-sciences ? Dès lors, pourrait-on encore parler d’interdisciplinarités
L’argument de ces journées interdisciplinaires consacrées aux Paysages dans l’anthropocène part d’une question : De quoi l’anthropocène est-il le nom ? Loin d’être uniformément partagée par nombre de pays du sud dont les émissions en CO2 restent faibles en regard des grands pays industrialisés et qui, sous l’injonction de la transition énergétique, assistent à un vaste mouvement d’accaparement et de reconversion des « terres marginales » (désert) en champs d’énergie renouvelable. Spatialement et historiquement situé dans l’histoire d’une « modernité occidentale », l’anthropocène n’est-il pas en définitive l’énoncé d’une théorie des crises dans "l’écologie monde capitaliste", marquée par une forme d’a-comisme politique, et un profond rejet de l’humain ?
Au-delà de sa fonction d’alerte environnementale, l’anthropocène se construit comme un grand récit fondé sur une aporie qui met sur un même plan l’histoire humaine et les échelles de temps géologiques. Défini comme une nouvelle ère géologique, l’anthropocène est, aussi et de façon non moins paradoxale, une unité de classification de l’époque dans laquelle nous vivons. Par le truchement de la stratigraphie, ce grand récit rend possible l’énoncé selon lequel la compréhension des changements environnementaux globaux ne relèvent pas de crises environnementales, mais d’une « révolution géologique d’origine humaine ». Bien que l’on soit tenté de lire cette proposition comme l’expression d’un présentisme appliquée à l’échelle des temps géologiques, celle-ci procède en réalité, d’un autre procédé, d’une double accrétion du temps et de l’espace, rendu possible par le truchement de la stratigraphie, autrement dit l’image de l’homme entourant Gaïa d’une nouvelle enveloppe géologique.
« Y a-t-il quelque part d’où je puisse parler de la nature, c’est-à-dire de nous-mêmes ? » Edward Burtynsky, « Manufactured landscape ».
Ces journées d’études posent la possibilité de décrire des anthropo-scènes, c’est-à-dire à travers une heuristique du paysage, de re-territorialiser et de nommer les choses dont l’anthropocène est le mot. Plutôt que de réduire la recherche en sciences sociales à une chronique du temps présent, qui fut elle critique, est elle-même située dans une ontologie des modernes, nous postulons que les anthropo-scènes ouvrent à des pensées et des pratiques paysagères. Installées dans le champ de l’histoire de l’art, focalisées sur l’analyse des représentations sociale, les études sur le paysage en France se sont construite sur un angle mort, largement investi par d’autres traditions disciplinaires et géographiques (landscape archaeology, landscape anthropology, archéo-géographie, tradition non-atlantiques). Celles-ci qui prennent au sérieux le substrat matérielle du paysage et que l’on peut rassembler dans une anthropologie du paysage vue d’ailleurs. A l’image des multiples couches composant un tableau de peinture, les paysages sont imprégnés de traces, de formes, symboles qui, non seulement témoignent d’un processus indéfinis d’investissements, de réappropriation, de recréation, des formes, de l’environnement, mais qui aussi, constituent autant de strates à partir desquels l’on peut interroger les ruptures, les persistances, les effondrements, des systèmes socio écologiques dans une perspective non linéaire.
Programme
Lundi 5 Décembre
Lieu : Amphithéâtre F. Furet, 105bd Raspail
Conférence
17HH00-18H30
Augustin Berque
Pensée paysagère et anthropocène. Une vue mésologique /Thinking through landscape in the Anthropocene. A mesological vision /人類世における風景という知 -環世界学的考察
Discutants : Claude Calame (EHESS), Daniel Niles (RIHN) and Masahiro Terada (RIHN)
Mardi 6 Decembre 2016 (Matinée)
Lieu : Salle du conseil B, Fondation France-Japon de l’EHESS, 190 Avenue de France, Paris
Anthropo-scènes et anthropologie de l’ailleurs
09H00-09H30
Sophie Wahnich, (directrice de l’IIAC, CNRS/EHESS) Mot de bienvenue
Ueru Tanaka (RIHN) Brief Introduction of RIHN and the symposium
Benoit Hazard (IIAC, CNRS) Pourquoi le paysage dans l’anthropocène ?
Session 1 : Atelier jeunes-chercheurs
09H30-9H50
Jeanne Forissier (EHESS) Les écovillages au Sénégal
*Discutant : Shun Ishiyama
9H50-10H10
Tomohiro Oh (Researcher, RIHN) Groundwater use in the early modern port city —Development and distribution of common wells in Obama, Japan
Discutant : Benoit Hazard
10H10-10H30
Adeline Medifo Dadji (EHESS) Patrimoine et participation. Logiques d’actions des usagers des bords du fleuve Niger à Ségou au Mali.
Discutant : Takao Shimizu
10H30-10H45
Coffee break
10H45-11H05
Lulie-Chancelle Ngameni (EHESS) Problématiques environnementales et stratégies d’innovation : Logiques des acteurs de la décentralisation forestière au Sud – Cameroun
Discutant : Koji Hayashi (Researcher, RIHN)
11H05-11H25
Djigui Diakite (EHESS) L’économie de déchets comme forme de construction urbaine à Olusosun (Nigeria).
Discutant : Tomohiro OH (Researcher, RIHN)
11H25-11H45
Olivier Lattuga-Duyck L’écologie – monde par J.W. Moore
Discutant : Danel Niles (RIHN)
11H45-12H05 Étudiants de l’atelier de l’anthropocène. L’atelier de l’anthropocène se territorialise en banlieue : restitution d’une enquête collective et participative en cours.
Discutant : Ueru Tanaka (RIHN)
12H30-13H30 Déjeuner
Mardi 6 Décembre 2016 (Après-midi)
Session 2 : Paysages du passé au présent : des formes pour l’environnement ?
Lieu : Salle 015 – Le France, Fondation France-Japon de l’EHESS, 190 Avenue de France, Paris
13H30 – 14H00
Sandrine Robert (CRH, EHESS, Paris) L’eau comme morphogène dans les paysages. L’exemple d’un ancien méandre de la Seine en rive droite à Paris.
14H00-14H30
Laetitia Deudon (Université de Valenciennes, Calhiste EA 4343 - Université de Montréal). Géohistoire comparée des paysages fluviaux en France et au Canada : construction et anthropisation des territoires de la vallée de l’Escaut (12e-21e siècles) et de la vallée du Saint-Laurent (16e -21e siècles)
14H30-15H00
Amo Kae (EHESS, Fondation France Japon) Floating Body, floating space : construction of Urban landscape by human bodies (Saint Louis, Sénégal)
15H00-15H15
Pause
Session 3 : Le paysage dans l’écriture visuelle
Lieu : Salle 015–Le France, EHESS, 190 Avenue de France, Paris
15H15-17H00
Martin de La Soudière (IIAC, Centre E. Morin, EHESS) Les paysans du Mezenc ()
Projection du film d’Edward Burtynsky, manufactured landscapes" (50 minutes)
Arghyro Paouri (IIAC, Centre E. Morin, EHESS) Filmer la Résilience des Paysages en Afrique de l’Est. Quelques exemples du projet REAL
17H00-17H30
Table ronde : Ueru Tanaka, Benoit Hazard, Daniel Niles Landscape and interdisciplinary approaches in the understanding of past and present socio-ecological changes.
Mercredi 7 Décembre 2016 (Matinée)
Session 4 : Vivre et habiter l’anthropocène : quelles significations ?
Lieu : Salle 638-641, réseau Asie, Fondation France-Japon de l’EHESS, 190 Avenue de France, Paris
09H00-09H30
Daniel Niles (Associate Professor, RIHN) Here comes everybody : The Anthropocene as epistemological opportunity
Frédéric Joulian (EHESS) De l’anthropisation sécante aux biens communs paysagers : quelques matériaux pour une réconciliation
09H30-10H00
Taro Yamauchi (Professor, Hokkaido University) Children living in the era of obesity and low physical fitness
10H00-10H30
Koji Hayashi (Researcher, RIHN) Landscape of the African rainforest for the Baka hunter-gatherers in the eastern Cameroon
10H30-11H00 Pause
11H00-11H30
Shun Ishiyama (Researcher, RIHN) Landscape analysis on changes of irrigated agriculture and water supply in Saharan oasis : A case of In Belbel, Algeria
11H30-12H00
Hidetoshi Miyazaki (Researcher, RIHN) Pastoralism in Northwestern -Focus on Relationship between Pastoralist and Agriculturist
12H00-13H30
déjeuner
Mercredi 7 Décembre 2016 (Après-midi)
Session 5 : Terre, territoires, ressources : des lieux et des liens ?
Venue : Salle 638-640, réseau Asie, Le France, Fondation France-Japon de l’EHESS
13H30-14H00
Ueru Tanaka (Professor, RIHN) Practical soil management techniques for ecosystems conservation and livelihood improvement under fragile environment in the Tropics
14H00-14H30
Irène Bellier (CNRS, IIAC/LAIOS) À propos de la "relation spéciale" des peuples autochtones au territoire : le bloc de droits "Terres, Territoires et Ressources" et le désir d’un autre développement
14H30-15H00
Kazuo Watanabe (Researcher, RIHN) and Satoshi ISHIKAWA (Professor, RIHN) The Area-capability Concept : Wise Use and Care of Local Resource
15H00-15H15 Pause café
Session 6 : Energie, technologies et modes de vie dans l’anthropocène.
Venue : Salle 638-640, réseau Asie, Le France, Fondation France-Japon de l’EHESS
15H15-15H45
Masahiro Terada (Associate Professor, RIHN) Anthropocene concept as a question for life-world : From a view point of energy (ενέργεια), becoming, and time
15H45-16H15
Mathieu Arnoux, (EHESS, Université Paris-Diderot, LIED) Comment fonctionne un système social en énergie renouvelable : un regard interdisciplinaire sur l’hydraulique médiévale
16H15-16H45
Christine Adongo (IIAC, EHESS) Perspectives on renewable energy : the example of the greater Olkaria geothermal area in Kenya.
16H45-17H00
B. Hazard (CNRS) and U. Tanaka (RIHN) Feedback on a French-Japanese survey in geothermal landscape in Kenya
17H00-17H20
Marie-Noelle Reboulet (Administratrice du GERES) Jatropha curcas : réalités d’une culture énergétique paysanne au Mali
17H20-17H30 Cloture des travaux.
8 décembre 2016
Atelier de l’anthropocène
Lieu : EHESS, Salle 05, 105 boulevard Raspail, 75006, Paris)
11H00-13H00
Augustin Berque,
Anthropocène et transhumanisme.
Séminaire CRAA-ETRE (avec la Fondation France Japon)
15H00-17H00
Lieu : Centre Inde Salle 662, Le France, Fondation France-Japon de l’EHESS
Takao Shimizu (Researcher, Hiroshima University), Hirohide KOBAYASHI (Associate Professor, Kyoto University), Miku ITO (Researcher, National Museum of Ethnology), Seiji NAKAO (Lectuerer, Chubu University) and Samuel Barthaux (ex-Master Student, Kyoto University) Past and Present in Japanese African Studies : A case of chronical transformation of Kassena’s mud houses and families