Nos tutelles

CNRS Nom tutelle 1

Rechercher






Accueil > Le LAP > Activités scientifiques > Séminaires et enseignements de l’IIAC 2017-2018

L’enquête et ses graphies : figurations iconographiques d’après société

par junior - publié le

Programme complet

Laurent Berger, maître de conférences de l’EHESS ( LAS )
Manuel Boutet, maître de conférences à l’Université de Nice Sophia-Antipolis ( Hors EHESS )
Manon Denoun, doctorante à l’EHESS ( IIAC-LAIOS )
Katrin Langewiesche, chercheuse à l’Institut für Ethnologie und Afrikastudien, Johannes Gutenberg Universität (Allemagne) ( Hors EHESS )
Jean-Bernard Ouédraogo, directeur d’études de l’EHESS (en cours de nomination), directeur de recherche au CNRS (TH) ( IIAC-LAIOS )

Arghyro Paouri, responsable de la cellule audiovisuelle du IIAC ( Hors EHESS ) ( IIAC-CEM )

Le travail d’interrogation du monde social pose toujours au chercheur la question de la transcription des données et des résultats obtenus. Les modèles canoniques privilégient l’usage de l’écriture orthographique et relèguent souvent les formes d’écritures iconographiques dans la perception sensible, l’allusif et le flou symbolique, à l’extrême opposé de la rigueur démonstrative et argumentative de l’écriture. Le recours à l‘image dans la recherche se fait alors sur un mode passif de collecte de données, de constitution de corpus. Suivant cette perspective, l’interprétation de la réalité sociale ne pourrait être exprimée que par le texte, et l’image (photographique ou filmique) ne serait qu’une preuve d’authenticité ou une illustration destinée à occuper l’œil ; elle est alors une « image-alibi ». On fait comme si le langage iconographique était inapte à la catégorisation, au classement et à la déduction analytique. Or l’image, confinée au domaine expressif et métaphorique, n’est ni identique ni opposée à l’écriture orthographique. Elle participe à la représentation, à l’interprétation et à la transmission savante du monde social ; elle contribue à la déconstruction et à la re-construction de la réalité sociale. Dans le processus de production et de diffusion des connaissances en sciences sociales, le moment de l’enquête, en particulier, est une situation de transcription idéale pour examiner le passage d’un ordre de fait à un autre et pour retracer sa fonction dans le projet scientifique. La complexification technique (informatique, internet) des modes de figurations et des formes d’exposition iconographiques s’invite aux débats.

Le séminaire interrogera les modalités d’implication de l’image dans la fabrication, la transformation et la figuration iconographique des données issues de l’enquête de terrain. L’étude du choix d’une forme de transcription des données, d’une graphie particulière, permet d’étudier le potentiel performatif de chacune et, lorsqu’il se porte sur l’usage de l’image, de statuer sur leur saisie suivant les règles propres aux langages iconographiques. Comment l’esthétique, le style, interviennent-ils dans la pertinence des images ? Comment, au cours de l’opération d’investigation, la forme iconographique impose-t-elle une signification ? De quelle façon peut-on envisager les modalités d’une transcription de concepts en images ? On posera ainsi non seulement le problème de l’expression et de la figuration de réalités complexes, mais aussi de l’interprétation, de la transmission et de la réception de ces produits iconographiques. Nous développerons cette réflexion à partir d’images élaborées sur des terrains concrets. Cette année nous conduirons un atelier ethnographique. Ce recours au concret (terrains, films) est une excellente occasion pour confronter la démonstration iconographique, ainsi que le dispositif technique qui la sous-tend, à la profusion des signes offerts par le monde sensible. En reconstituant le périmètre de l’intention figurative du chercheur le statut des signes marginalisés, des rebuts, dans l’espace retenu sera directement posé.