Michel Agier, directeur d’études de l’EHESS, directeur de recherche à l’IRD ( IIAC-LAUM )
1er, 3e et 5e mardis du mois de 19 h à 21 h (salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 21 novembre 2017 au 29 mai 2018
Nous poursuivrons, pour la deuxième année, le programme d’une réflexion renouvelée sur la question de l’hospitalité, celle qui revient quand, à l’occasion des crises migratoires ou crises de l’asile, « on ne comptait plus sur elle » (R. Scherer). Ce retour et ses divers contextes, situations et justifications, peuvent se lire comme les prémices d’un nouvel ajustement entre mobilité et (multi-)localité. Au-delà de la polémique entre les valeurs et émotions humanitaires et sécuritaires, au-delà de la contradiction entre la « classe des locaux » et celle des « mondiaux » (Z. Bauman), il s’agira de penser la complexité du lien entre les ancrages et les mobilités, sans écarter pour autant la question de l’(in)égalité, posée par la situation contemporaines des migrants précaires. C’est ce qui fait du "droit à la mobilité" une question cruciale dans la perspective d’un « droit mondial » ou d’une « citoyenneté universelle » au-dessus ou à côté des droits nationaux (M. Delmas-Marty, M. Chemillier-Gendreau). Le droit à l’hospitalité (en tant que politique) serait donc la fin de l’hosipitalité (en tant que dépendance hiérarchique locale) au moment où s’établit un nouvel espace social, cosmopolite et décentré, qui fait de la mobilité la condition première de l’expérience du monde.
C’est ce qui nous amènera à interroger aussi la place axiale qu’occupe « l’étranger » − celui qui devient « l’hôte » dans la relation instituée par l’hospitalité du point de vue anthropologique, celui qui disparaît comme autre absolu et imaginaire (« alien ») dans la géopolitique contemporaine, ou celui qui revient comme condition la plus universelle du monde saisi par l’anthropologie.
Nous continuerons à étudier les conditions concrètes dans lesquelles l’hospitalité se déploie, à observer et comparer des situations d’hospitalité dans leurs contextes, analyser la relation d’échange qu’elle enclenche, comprendre où elle commence et quand elle s’arrête, comparer différents statuts d’étranger dans l’histoire et dans le monde contemporain. Des enquêtes de terrain (notamment en lien avec le programme ANR Babels – Ce que les villes font aux migrants, ce que les migrants font à la ville) et des dialogues entre anthropologues, sociologues, philosophes et historiens nourriront la réflexion.