L’anthropocène, nouvelle ère géologique caractérisée par la puissance des facteurs anthropogéniques à agir sur le devenir du système terre, illustre la place prise par les débats environnementaux et par les sciences de la terre dans les discours et les pratiques scientifiques. Cette thèse inédite, sorte d’injonction posée aux sciences humaines de construire des réponses pour faire face aux changements socio écologiques, réinterroge les relations entre l’homme et ses productions de la nature ? Comment l’anthropologie, discipline qui interroge à la fois les structures et les ruptures, se positionne face à cette thèse qui pense les passages historiques à l’échelle temporelle des évolutions du système terre et dont les effets sont durables pour le devenir, non seulement des sociétés humaines, mais plus largement des socio systèmes ? N’y-a-t-il pas là une aporie propre à un semblant d’interdisciplinarité ?
Au cours de l’année 2018-2019, nous poursuivrons l’étude des interactions complexes qui se jouent dans les thèses de l’anthropocène à travers l’alternance entre une réflexion théorique et pratique. Après deux séances introductives, nous engagerons une relecture des thèses de l’anthropocène à l’aune des rapports entre écologie et marxisme (s). En 2018-2019, l’atelier fonctionne comme un atelier de lecture de textes traitant des paradigmes disponibles pour penser les dynamiques socio écologiques, des concepts (des paysages, écosystèmes, etc.). Cette année l’atelier de lecture des textes se propose de revivister la thèse de l’anthropocène à partir des interrogations actuelles sur les rapports entre anthropologie et marxisme. Dans le même temps, il réinterroge cette thèse à partir de la possibilité d’en faire une ethnographie, autrement dit les anthropo-scènes de l’anthropocène. Dans ce cadre, l’enquête collective de terrain initiée en 2016 sur la ville de Pierrefitte sur Seine se poursuivre comme lieu de documentation d’une antropo-scène.
Abstract
Historically, anthropology refers to the study of human activities, i.e. as a mirror of interactions between societies and their environment. In the recent past, research on human activities have enlightened new objects that are strongly linked with the “mainstreaming” of an « environmental repository » in public policies and are characterized by the complexity of interactions. Globalization, limits of growth, scarcity of resources, climate change are drawing new spaces for scientific debate and controversies as well as fields for a new ethnography of critical situations. As new geological era reflecting the influence of humans on the Earth system, or “man as the main geological force of the Earth system”, the anthropocene would have started with the industrial revolution of the eighteenth century and would succeed to the era of the Holocene. As such, the Anthropocene illustrates the role played by the environmental debate and the earth sciences in scientific discourse and practices. This uncommon thesis, as an injunction to humanities to cope with future socio-ecologies, re-examines how man has for long produced nature. To account for the complex interactions that interplay in the Anthropocene and to suggest that they do not turn the anthropologist to an anecdotal chronicler, the workshop explores anthropological research that have for long discussed environmental topics (biodiversity, patrimonialisation of nature, industrial pollution…). To frame the debates and challenges due to the thesis of the Anthropocene, the workshop will present many scenes of anthropology by reading of texts and by making exercises in relation with dynamic socio ecological landscapes and ecosystems. In 2018-2019, we will focus on the renewal of marxism in relation with ecological questions.