En dépit de leurs ambiguïtés et des controverses politiques qu’elles suscitent, les notions de radicalité et d’extrémisme traversent aujourd’hui des questionnements fort nombreux sur l’islam, en particulier en France. Pour une deuxième année, ce séminaire vise à élargir le débat en l’ouvrant à des pays africains et asiatiques. L’objectif n’est pas seulement d’interroger des paradigmes qui privilégient trop souvent une approche globale au détriment de l’étude des contextes locaux. Il est aussi de questionner la circulation des idées islamiques, leur rôle dans les mobilisations sociales et leur rapport à la violence et au pouvoir politique, y compris dans une perspective historique et anthropologique. Pour cela, les réflexions développées au cours du séminaire s’attacheront à décrypter la complexité et la fluidité des différents courants de pensée qui animent à présent les croyants musulmans en Afrique et en Asie. Un tel travail mettra en évidence les limites d’une vision qui s’inspire souvent du vocabulaire colonial, opposant, par exemple, un islam « noir », traditionnel et tolérant à un islam arabe, exogène et « radical ». Le renouvellement de nos questionnements permettra également de déconstruire les catégories habituellement utilisées par les spécialistes de la contre-insurrection et de la lutte antiterroriste qui veulent « dé-radicaliser » les esprits : soufisme, wahhabisme, salafisme, sunnisme, chiisme, mahdisme, millénarisme, etc.
Pour cela, le séminaire adoptera trois principaux points de vue :
l’analyse de la circulation des modèles de réforme islamique entre l’Afrique et l’Asie, en particulier (mais pas seulement) au Moyen Orient ;
les approches comparatives entre Asie et Afrique ;
- les cas d’étude qui permettent d’éclaircir le débat.