Résumé
Conçue et écrite comme une étude monographique comparative inscrite dans le domaine du théâtre d’enfants et de l’anthropologie de l’enfance, cette thèse de doctorat retrace le parcours de création de trois hommes de théâtre européens : Alecsandru Dumitra-Şerbănescu (1940-), Peter Slade (1912-2004) et Léon Chancerel (1886-1965). L’ethnographie du théâtre d’enfants Les mille et un… masques, au nord de la Roumanie, réalisée dans les dernières cinq années, a été complétée par une recherche documentaire effectuée à partir de la Peter Slade Collection, à John Rylands Library, à Manchester, et des Fonds Léon Chancerel, disponibles à la Société d’Histoire du Théâtre, à Paris. L’enjeu principal de cette étude est de comprendre comment l’idée d’ « enfance » se présente comme un dasein de création et d’interprétation pour les différentes institutions créées par les metteurs en scène mentionnés. Par des approches différentes, ils interrogent ce processus : former, écrire, faire jouer des enfants à partir de représentations d’enfances, ce qui nous conduit sur la voie du paradigme historique et esthétique de leur arrivée sur scène. La thèse a permis la mise en place d’un corpus de références pour ce qui est d’une archéologie épistémologique et d’une praxéologie (écriture, spectacologie) référençant le domaine de l’activité dramatique et théâtrale ci-dessus mentionné. Une approche phénoménologique est privilégiée afin de remettre en contexte ces deux constructions d’identité (« faire l’enfant » – « jouer l’acteur ») et leurs statuts référentiels afin de montrer comment la « réalisation » (une dramaturgie de l’enfance associée à sa mise en scène) passe par la relation enfants-metteur en scène. Par une approche sémiologique de l’analyse des cahiers de mise en scène, des spectacles, des journaux de théâtre, on comprendra comment ce travail expérimental construit ses propres unités épistémiques. Une connaissance des enfants d’eux-mêmes, du théâtre qui se crée, se joue, est représenté, vécu, puis mis en scène, et, d’autre part, une seconde scène épistémique, celle de l’anthropologue, qui saisira cette nouvelle entrée des enfants dans l’histoire du théâtre. De ce point de vue, une des questions transversales a été la suivante : comment une telle pratique et un tel projet de création – le spectacle pour/avec des enfants – se donnent-ils comme cadre d’une épistémologie réflexive et peuvent-ils aider à mieux faire et écrire l’anthropologie ?
Jury
Michèle Coquet (Directrice de thèse), CNRS
Nicole Belmont, EHESS
Marie-Pierre Chopin, Université de Bordeaux
Alain Kerlan, Université Lumière Lyon 2
Jean-Marc Lachaud, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Mercredi 28 septembre 2016 - 14:00
EHESS (salle 7) - 105, boulevard Raspail 75006 Paris