Résumé
Les premières organisations politiques mapuches à vocation représentative sont, à ses origines, étroitement liées aux missionnaires anglicans et leurs activités. Ce fait ne doit rien au hasard. Il est le fruit du rapport mapuche-anglican tissé depuis l’arrivée du premier missionnaire (1838). Cette thèse a pour but de comprendre comment, dans son intégration à la trame politique mapuche, le projet anglican évolua d’un intérêt général sur le sort d’un peuple « païen » demeurant aux « confins du monde », jusqu’à devenir un agent privilégié de la résistance à l’oppression chilienne. Ou, d’une autre perspective, en vue des différentes circonstances vécues par la société mapuche du XIXeme siècle - autonomie, guerre, occupation - notre objet est d’élucider les causes expliquant le rapprochement et l’assimilation par les mapuches de la proposition anglicane. Notre thèse se divise en deux parties. D’abord, on explore comment, au sein des circuits anglicans, les mapuches sont devenus un objet à évangéliser, ainsi que la façon dont se sont matérialisés les premiers essais missionnaires. Malgré les faibles effets de ces efforts sur les enjeux politico-religieux mapuches, ils ont signifié, pour les prétentions anglicanes, le développement d’une connaissance pratique de la réalité locale, et une inspiration pour les missionnaires à venir. Un nouveau projet missionnaire se structura sur ces expériences en 1894, dont l’étude est la deuxième partie de ce travail. Axé sur la religion, l’éducation et la santé, une partie importante de la population adhéra à cette offre qui contribua à mieux déchiffrer la conjoncture historique, et incita une nouvelle époque dans la politique mapuche.
Sous la direction de Enric Porqueres i Gené.
Soutenue en 2016
à Paris, EHESS
Le président du jury : Jean-Paul Zuniga.
Le jury : Enric Porqueres i Gené, Jean-Paul Zuniga, Annick Lempérière, André Menard.