Résumé
Dans ce travail, j’engage une réflexion sur l’entrelacement entre mémoire sociale, écriture de l’histoire et patrimoine politique à Malte après 1964, année où l’archipel obtint formellement son indépendance du Royaume-Uni. C’est, en effet, à l’orée de cette période qu’une circulation animée de mémoires et récits en conflits, autant qu’une historiographie autochtone, ont pris leur essor, s’organisant le long d’une mise en discours d’un peuple essentiellement divisé, affligé par la maladie d’un désaccord intrinsèque et perpétuel, obstacle majeur au développement d’une nation occidentale moderne, mais également pilier de l’intimité culturelle Maltaise et point de convergence de la mémoire individuelle et sociale de l’archipel. De ce désaccord, le bipartisme nationaliste/travailliste constitue l’expression la plus contingente et répandue. Néanmoins, au delà de la connotation négative habituellement attachée à un factionnalisme excessif, ce travail en vient finalement à envisager l’usage actif et stratégique de l’opposition des mémoires, des opinions et des positions ; toutes ressources alimentant un dépôt fluide, partagé et commun, de symboles, fragments de souvenirs, anecdotes et sentiments que les individus utilisent couramment pour se raconter, se contextualiser dans le temps et l’espace et, parfois, trouver au sein de leur milieu social et symbolique un passage vers d’autres positionnements, plus avantageux encore ; et ce, en une permanente conjugaison entre institutionnel et intime, présent et passé.
Sous la direction de Marc Abélès et de John Chircop.
Soutenue en 2015
à Paris, EHESS .