Résumé
Bien que le Mexique et le Chili présentent des prévalences de l’obésité très élevées, les habitants de ces pays ne se classent pas eux-mêmes comme obèses. Partant de ce constat, cette thèse a comme but de confronter les significations attribuées par les adultes chiliens et mexicains aux catégories qui définissent la corpulence normale et anormale et d’explorer leur rapport avec la distribution sociale de la corpulence dans la population. Pour ce faire, nous avons adopté une méthodologie à la fois qualitative et quantitative. Les résultats obtenus montrent que, dans ces deux pays, au-delà du fait que les seuils du poids normal et anormal semblent être influencés par le niveau d’études et le sexe, il existe une définition de la corpulence normale complexe présentant des seuils larges et diffus. Nous avons également découvert que la concordance avec le discours médical n’implique pas nécessairement une corpulence effective plus faible, parce que les personnes guident leurs pratiques selon les comportements qu’on attend d’elles en fonction de leur sexe, de leur âge et de leur statut social. Finalement, nos résultats révèlent de fortes similitudes entre le Chili et le Mexique au niveau de la corpulence et des facteurs qui l’influencent, c’est-à-dire en ce qui concerne la dimension matérielle du sujet. En revanche, nous avons découvert des différences au niveau discursif, car les enquêtes révèlent un écart entre l’autoperception du poids corporel et la corpulence mesurée plus prononcé au Mexique qu’au Chili. Dans notre enquête de terrain qualitative nous avons également remarqué une forte disparité entre ces deux nations concernant la conception de la corpulence et de la normalité.
Sous la direction de Claude Fischler.
Soutenue en 2013
à Paris, EHESS