Résumé
Cette thèse explore le rapport entre les conflits environnementaux et la question de la citoyenneté, à différentes échelles et temporalités. Depuis une approche anthropologique, cette thèse a pour objet la saisie empirique des processus de citoyenneté à l’œuvre dans deux cas de conflits environnementaux qui se déroulent dans la ville de Valdivia et dans le village côtier de Mehuín, au sud du Chili, à cause de la construction et mise en fonctionnement d’une usine de cellulose. En reprenant l’historicité des conflits ainsi que les ruptures qu’ils ont traversées, cette thèse s’attache à analyser la manière dont différentes formes de citoyenneté se sont fabriquées, évoluent et se transforment lors des conflits. Dans cette recherche, les constructions de citoyenneté se jouent au moins en trois domaines d’analyse, lesquels rendent compte en même temps des différents niveaux, lieux et moments des conflits où elles prennent forme. Tout d’abord, l’analyse attire l’attention sur les constructions de citoyenneté qui se donnent à voir lors de la discussion publique qui s’ouvre à l’occasion des conflits. Ce faisant, l’analyse va porter une attention particulière aux registres de citoyenneté ou « registres de légitimité » (Fourniau, 1996 ; Carrel, 2007) mobilisés par les acteurs engagés pour à la fois renforcer leur position dans le conflit et entreprendre la défense des sites. En deuxième lieu, cette recherche s’attache à analyser les constructions de citoyenneté identifiées dans le domaine des formes d’action et d’organisation mises en place par les collectifs dans le cadre de la contestation. Le troisième et dernier domaine d’analyse des citoyennetés qui se donnent à voir au cours des conflits, est celui de l’engagement collectif. L’enquête pose ici la question des « trajectoires d’engagement » (Bertheleu et Neveu, 2005 ; Douat et al. 2012), c’est-à-dire, de savoir comment l’engagement collectif se construit et évolue au cours des conflits. Cette thèse essaie ainsi d’apporter à la compréhension de la fabrique de la citoyenneté, ou des « citoyennetés mouvantes », ainsi que du rôle que jouent les conflits environnementaux dans la construction democratique au Chili.
Jury
• Mme Catherine Neveu (Directrice de thèse), CNRS
• M. Enrique Aliste, Université du Chili
• Mme Marion Carrel, Université de Lille
• Mme Valérie Deldrève, IRSTEA
• M. Jean-Michel Fourniau, DEST-Université Gustave Eiffel
• M. Patrice Melé, Université de Tours
• Mme Valeria Siniscalchi, EHESS
Date
Lundi 11 janvier 2021 à 13 h 00
Lieu Visioconférence