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Barancourt, Francine

par Chrystèle Guilloteau - publié le

contact : francine.barancourt@ehess.fr

Diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs en 2019, mention Design Vêtement, Francine Barancourt a amorcé une réflexion sur l’intelligence manuelle des artisans, la métis. Doctorante en anthropologie à l’EHESS, elle poursuit son enquête sur la classe artisanale par une ethnographie au sein d’ateliers de maroquinerie à Paris. Elle réalise de nombreuses images sur le terrain, notamment dessinées, articulant ses compétences de designer à son enquête en participation observante.Ses questionnements sont liés à la répartition genrée des tâches, aux représentations liées au travail manuel et à la place de l’artisanat dans une production de mode raisonnée.

Direction de thèse : Anne Monjaret

Titre de la recherche : Bras de fer entre l’intelligence de la main et la puissance de la machine : artisans du cuir dans la mode, l’empreinte de la mécanisation sur la classe artisanale.

Résumé : Les savoir-faire du cuir, notamment la sellerie-maroquinerie, oscillent entre tradition et innovation. Les discours identitaires des artisans du cuir sont emprunts de l’appartenance à une tradition ancienne alors même que le métier est en mutation. Des transformations socio-techniques s’observent, notamment la féminisation de la profession, qui semble dater du développement de machines permettant de limiter l’implication physique nécessaire au travail du cuir. Le terrain ouvert en 2019 dans plusieurs ateliers et centres de formation à ces métiers artisanaux permet de questionner cette façon, omniprésente dans les discours, d’expliquer l’ouverture de ce métier aux femmes.
S’il est nécessaire de se méfier de l’invisibilisation du travail féminin à travers l’histoire des métiers, la force physique essentialisée comme compétence masculine pourrait aussi être un leurre qui masque la désertion du métier par les hommes. Certains artisans interrogés l’expliquent par l’application de ces savoir-faire à un nouveau domaine : la mode, encore souvent considérée comme une préoccupation féminine et futile. Ce discours se construit par opposition aux origines des savoir-faire du métier, ceux de la sellerie qui servaient à la réalisation d’équipements équestres et agricoles (attelages de chevaux, etc.) avant la transition du cheval à la motorisation des transports.
La manière de s’habiller dans un système économique globalisé semble devenir un acte politique à part entière, notamment à travers des pratiques comme celle de consommer Made In France. Parallèlement, de nombreux hommes, qu’ils soient fondateurs de marque de mode fabriquant des objets artisanaux ou consommateurs de ces produits, investissent le sujet de la mode comme moyen d’exprimer leurs valeurs éthiques et politiques.