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Voir, Etre vu : l’injonction à la visibilité dans les sociétés contemporaines

publié le

Colloque organisé par le Centre Edgar Morin/iiAC (EHESS), l’Université Paris 5 Sorbonne, l’Université Paris 7 Denis Diderot, et l’ESCP-EAP

Les 29, 30 et 31 mai 2008, à l’École Supérieure de Commerce de Paris
79 avenue de la République, Paris XIè


Colloque placé sous les auspices de l’Association Internationale de Sociologie et de l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française.

Présentation du colloque

Résumé

Un terme revient aujourd’hui de façon récurrente dans le débat public : la visibilité. Pas une réunion qui ne se préoccupe désormais de rendre visible l’action menée ou ne se montre consciente de la nécessité de se rendre visible, de façon à capter l’attention. Pas un parti politique, un responsable qui ne s’en soucie de façon continue voire de manière lancinante. L’ensemble des pratiques sociales connaissent à présent les exigences souvent paradoxales de l’hypermédiatisation permanente.

Au XIXème siècle dans les sociétés occidentales, il fallait taire l’intime : aujourd’hui un renversement de valeurs, dans ces mêmes sociétés, conduit à se livrer à une exhibition de l’intime pour exister. L’invisible tendant dans notre société à signifier l’insignifiant et au delà l’inexistant.

Cette visibilité s’est intensifiée, dès les années soixante, avec le souci de présentation de soi et les stratégies qui l’accompagnent. Elle s’est ensuite considérablement développée dans les années quatre-vingt-dix. Elle est concomitante du développement des media et des technologies omniprésentes, qui enjoignent à une production continue et infinie de soi.

Cette visibilité ne renverrait plus à ce que l’individu fait – à ses pratiques, à ses compétences, à ses actes –, qui laissait place à l’existence d’une sphère de l’intime protégée du regard des autres, mais à ce qu’il montre de lui. Cette injonction à la visibilité réduirait ainsi l’individu à ses seules apparences.

Elle accompagne également le développement de modes d’existence, de pensée, de formes de travail, de types de sociétés, de façons de se lier et de percevoir inédites. Le visible, l’image font reculer l’invisible, dès lors disqualifié, tenu pour inutile.

On s’interrogera sur le paradoxe qui tient à cette obligation vécue de se rendre public, cette aspiration, ce besoin de visibilité qui va de pair avec la peur de l’invisibilité, confondue avec l’inexistence sociale tout autant que psychique : le sentiment d’exister semblerait désormais requérir la visibilité.



Comité scientifique organisateur
Nicole AUBERT (ESCP-EAP, LCS/CRISHYP)
Claudine HAROCHE (CNRS, Centre Edgar Morin/iiAC)
Eugène ENRIQUEZ (Université Paris 7 Paris Diderot, LCS)
Florence GIUST-DESPRAIRIES (Université Paris 7 Paris Diderot, LCS)
Jan SPURK (Université Paris 5 René Descartes, GEPECS)