Ingénieur d’études en production et analyse de données
Docteur en psychologie sociale
EHESS - IIAC - 54 Bd Raspail 75006 Paris
Tél. 33 (0)1 49 54 24 67
E-mail : Ghislaine.Richard at ehess.fr
Thèmes de Recherche
Approche psychosociale des comportements alimentaires
Le champ de l’alimentation est abordé autour des problématiques suivantes : alimentation et psychologie du développement ; pratiques éducatives et socialisation alimentaire de l’enfant ; processus psychosociologiques en jeu dans les comportements alimentaires (comparaison sociale, optimisme comparatif) ; perception des campagnes de prévention nutritionnelles, lien entre commensalité et consommation alimentaire.
1. Approche psychosociale des pratiques alimentaires
- Programme Ré-enchanter la cantine (https://fondation.nestle.fr/agir/le
programme-reenchanter-la- cantine/)
Recherche-action (2013-2016) financée par la Fondation Nestlé France visant à favoriser le plaisir du passer à table dans les restaurants scolaires des écoles primaires en France. L’objectif de ce programme ? Etudier l’impact de l’environnement (cadre physique, contexte interactionnel, règles de fonctionnement et normes existantes au sein des cantines) dans lequel les enfants déjeunent sur leur ressenti et bien-être vis-à- vis des moments qu’ils passent à la cantine. 4 villes partenaires, 2 écoles « pilotes » par ville soit 8 cantines et près de 500 élèves demi-pensionnaires en classe de CE1, CM1 et CM2 ont participé à cette recherche. Pour répondre à notre objectif, nous avons recouru à une méthodologie mixte. Les jeunes mangeurs ont été invités à remplir un questionnaire auto-administré en ligne, complété avec nos propres
observations sur le terrain, et avec des entretiens avec le personnel de cantine et d’animation. Ce volet de recherche empirique a abouti à la création d’un livret de bonnes pratiques qui sera diffusé très prochainement. Dans ce livret, 6 domaines d’actions sont abordés notamment : rétablir le lien entre les jeunes mangeurs et les cuisiniers ; éviter le « manger machinal » afin que le temps du repas soit un vrai moment de détente, une vraie coupure ; transmettre les bonnes manières commensales à table par le jeu et permettre à chacun, enfants et adultes, d’occuper une place dans les échanges alimentaires, etc.
- Optimisme comparatif et alimentation
Dans le domaine de l’alimentation, l’optimisme comparatif se traduit par la tendance à se considérer moins exposé, comparativement à autrui, au risque de surpoids et d’obésité ou au risque de développer des maladies spécifiques associées à une mauvaise alimentation telles que l’hypertension ou les maladies du cœur. Ce « biais » a des conséquences importantes sur les comportements qui seront adoptés par les individus (prise de risque, comportements préventifs, etc.). Deux recherches par questionnaire sont menées : la première étudie l’apparition de l’optimisme comparatif auprès d’un échantillon de Français(e)s adultes en faisant varier expérimentalement la « réputation » (bonne vs. mauvaise) de la cible de comparaison en matière d’alimentation (Français, Japonais vs. Américains, Anglais). La seconde consiste en une comparaison interculturelle de l’émergence de ce biais selon que l’on interroge de jeunes américains ou de jeunes français.
- Attitudes des Français(e)s à l’égard des principales actions en faveur d’une meilleure alimentation
Une recherche par questionnaire, actuellement en cours de réalisation, vise à connaître les attitudes des Français(e)s à l’égard des actions de prévention en faveur d’une meilleure alimentation, telles qu’elles ont été ou sont actuellement menées en France (par ex., le retrait depuis 2004 dans les établissements scolaires des distributeurs automatiques de boissons et de produits alimentaires, la recommandation de ne pas grignoter entre les repas ou celle de pratiquer au moins 30 minutes d’activité physique tous les jours, l’introduction de messages sanitaires dans les publicités alimentaires depuis février 2007, etc.). Outre les connaissances qu’ils en ont, comment les individus jugent-ils de l’efficacité de ces actions et quelles implications peuvent-elles avoir sur leurs comportements alimentaires ? Pour le savoir, les répondant(e)s sont invité(e)s à évaluer l’efficacité de chacune de ces actions de prévention soit pour les Français en général, soit pour eux-mêmes d’une part. D’autre part, les actions proposées diffèrent en fonction du type de motivation extrinsèque (par ex., les sanctions) vs. intrinsèque (par ex., les campagnes de prévention) qui sous-tend le changement de comportement. La contribution des résultats à une meilleure appréciation des attentes des citoyens en matière de prévention et d’éducation alimentaire et partant à l’amélioration des actions en matière d’alimentation sera discutée.
- Manger à plusieurs pour manger moins ? La question de la commensalité et de la
facilitation sociale
Parmi les facteurs ambiants n’ayant pas de liens directs avec les produits alimentaires,
certains sont reconnus pour avoir un impact important sur la prise alimentaire et en particuliersur la quantité de nourriture consommée. Se retrouver à plusieurs autour d’une table pour partager un repas est certainement celui qui fait aujourd’hui le plus de consensus. La commensalité contribuerait ainsi, avec le fait de manger à heures fixes, à limiter laprogression de l’obésité. Si l’on assiste dans certains pays à une valorisation culturelle du repas pris en commun, qu’en est-il des liens possibles entre commensalité et consommation alimentaire ? De nombreux travaux en psychologie sociale se rapportent aux effets de la présence d’autrui sur la quantité de nourriture consommée. Le fait de partager un repas contribue-t- il à ce que chacun des convives consomme plus ou moins d’aliments qu’il ne le ferait s’il était seul ? Les résultats des premières études sur ce sujet, initiées dans les années quatre-vingts par le psychologue social de Castro et ses collègues, ont montré que manger à plusieurs augmentait la quantité de nourriture consommée. Nous verrons que ce phénomène,
appelé effet de facilitation sociale, a fait depuis l’objet de très nombreux travaux ayant abouti à l’idée que le fait de partager un repas ne conduisait pas nécessairement à un effet exponentiel.
2. Les déterminants sociaux et contextuels de la prise de décision
Qu’est-ce qui déterminent nos décisions ? La méthode expérimentale est utilisée pour étudier l’influence du contexte social sur les prises de décisions référant : 1) à des règles normatives logiques ou statistiques et susceptibles de révéler des biais et des erreurs dans notre manière de raisonner ; 2) à des pratiques « sociales », culturelles ou politiques (arrêter de fumer, entamer un régime, etc.).
- Approche « naturaliste » de la prise de décision au quotidien
Étudier dans quelle mesure l’humeur d’une personne (joie, tristesse, stress, etc.) influe au quotidien sur sa capacité de raisonnement et de décision. L’autre aspect important des déterminants sociaux et contextuels de la prise de décision de tous les jours et qui est étudié réfère au contexte collectif (discussion de groupe) vs. individuel (réflexion personnelle) dans lequel la décision est prise.
- Prise de décision : un concept à l’interface de plusieurs disciplines en sciences sociales
Pouvant être définie à la fois comme un processus ou comme un produit résultant de ce processus, la décision peut être étudiée à différents niveaux (individu, groupe, organisation…) en utilisant des modèles conceptuels en provenance de différentes disciplines (l’économie, la psychologie, la sociologie, etc. et plus récemment les neurosciences), et ceci dans des perspectives descriptives ou normatives. Il s’agit précisément de proposer une revue de questions non exhaustive des recherches sur ce concept de prise de décision en perpétuel évolution.
Principales publications
Richard, G., Finkelstein, R., Oberlé, D., Rainis, N. et Scharnitzky, P. (2011). Être désigné juré d’assises : une analyse des attitudes de citoyens français face à une convocation simulée du tribunal, Pratiques Psychologiques, 17(3), 341-357.
Lage Elisabeth, Richard Ghislaine, Caupenne Jacotte, « Une maïeutique magistrale », in Béatrice Madiot, Elisabeth Lage, Angela Arruda (eds), Une Approche engagée en psychologie sociale : L’œuvre de Denise Jodelet, Ramonville, Saint-Agne, Erès, 2008, 243-253.
Richard G. et Drozda-Senkowska E., « Traitement de l’information et jugement prédictif : une approche intégrative ». L’Année Psychologique, 101 (2), 2001, 247-276.
Drozda-Senkowska E. et Richard G., « Comment perçoit-on la fréquence d’un événement ? » Risques : Les cahiers de l’assurance, 39, 1999, 87-92.
« Quand les ressemblances l’emportent », in E. Drozda-Senkowska (ed.), Les pièges du raisonnement, Paris, Retz, 1997, 28-42.
Bouchet J., Chanton O., Kreel V., Maze C., Ric F. et Richard G., in P. Gosling (ed.),
Psychologie sociale : l’individu et le groupe (Tome 1), Paris, Bréal, 1996.
Bouchet J., Chanton O., Kreel V., Maze C., Ric F. et Richard G., in P. Gosling (ed.),
Psychologie sociale : approches du sujet social et relations interpersonnelles (Tome 2), Paris, Bréal, 1996.